Dans un dépanneur, un dimanche soir, Nicolas s’ennuie derrière son comptoir. Il y a du ménage à faire, il n’en a pas trop envie. Un client entre. Enfin! Un homme aux cheveux courts et grisonnants, à la barbe bien taillée et portant des lunettes. Il se déplace à l’aide d’une canne. L’employé le reconnaît et le salue.

Nicolas le regarde prendre un journal, puis aller dans la section des magazines pornographiques. Il le surveille pour se désennuyer, mais en même temps, ça fait partie de ses tâches, car n’importe qui pourrait voler les DVD offerts dans les revues pour adultes. Après de longues minutes, l’homme se dirige vers la caisse. Pendant que le commis enregistre les produits, le client lui demande s’il aurait l’amabilité de lui offrir un sac. Le jeune homme accepte poliment en retenant un petit sourire. Il aime le ton de sa voix. Il le trouve trop doux, trop poli, trop articulé, comme s’il voulait paraître le mieux possible… Nicolas se demande s’il est toujours ainsi. L’homme calcule sa monnaie très exactement et paie ses achats.

Nicolas aime imaginer ce que ses clients font dans leur vie. Il leur invente parfois des histoires qu’il crée pour lui-même. Ce client-ci, il semble si gentil, si soigné. Une personne comme ça ne peut exister sans avoir un lourd secret. Il regarde sa canne. Nicolas se dit qu’elle ne doit probablement pas lui servir de soutien à la marche. C’est sûrement pour détourner les soupçons. Il l’imagine quitter le magasin, prendre l’autobus et aller en Basse-Ville. Il le voit sonder les ruelles afin de trouver mendiants et clochards. Quand ils approchent afin de lui demander un peu de monnaie, l’homme s’assure de ne pas être observé, puis les bat à coups de canne, parfois jusqu’à la mort, parfois en leur laissant la vie sauve, selon son humeur. Une fois son méfait accompli, il passe une main dans ses cheveux, essuie son arme à l’aide d’un mouchoir de poche, puis repart prendre l’autobus jusqu’à sa maison. Chez lui, il embrasse sa femme tendrement et se couche de bonne heure, l’esprit tranquille, comme si de rien n’était.

Nicolas garde son sérieux, sourit à l’homme, le remercie et lui souhaite une bonne soirée. Il attend que le client sorte du magasin pour se mettre au ménage, mais finalement, un autre client entre, un vieil homme à lunettes portant une casquette, qui vient pour vérifier ses billets de loterie. Nicolas aime bien recevoir sa visite au magasin, car quand il se met à rire, il lui fait penser à Freddy Krueger avec ses tâches de vieillesse qui ressemblent à des brûlures.

Pendant ce temps, le premier client se dirige vers l’arrêt d’autobus. Rendu chez lui, il déverrouille la porte de sa maison en sifflant un air joyeux. Dans l’entrée, il enjambe le corps d’une adolescente égorgée, sa fille, sans y porter attention. Il dépose son sac sur le comptoir de la cuisine, puis va vers le salon où il y remarque le cadavre de sa femme assis sur un divan, le teint bleu. Il va la rejoindre, lui prend la main, la bécote tendrement, puis l’embrasse sur la bouche en lui caressant la joue. Il la relâche doucement, la regardant dans les yeux avec amour. Puis, sur un coup de tête, il se lève violemment, agrippe le bras de sa douce moitié, la fait tomber sur le sol et la traîne jusqu’à la chambre à coucher.

Il étend sa femme sur le lit et se place à ses côtés. Il la caresse longuement en l’embrassant, déboutonne ses vêtements. Il laisse ses mains balader au niveau des seins. Il tente de l’exciter en lui mordillant les lobes d’oreille. Il continue ainsi à la stimuler afin qu’elle soit prête à accueillir son sexe, mais voyant qu’elle reste frigide, il se décourage et décide de retourner à la cuisine chercher son sac d’achats. Il se réinstalle au lit, à côté de sa femme à moitié dévêtue, puis, en feuilletant son magazine, se met à se masturber.