Peut-être que dans dix ans, on se recroisera par hasard au coin de deux rues à Montréal et qu’on n’aura plus rien à se dire. J’ai peur qu’on se recroise dans dix ans, à Montréal, et que ça ne te fasse pas un pli, pas un froncement de sourcils. Que tu nous aies rayés. Écrasés comme une clope. J’ai peur de ne plus exister pour toi. Que tu remplaces tout ce qu’on a vécu par une nouvelle histoire, avec une nouvelle fille. J’imagine ton sperme sur des seins plus beaux que les miens. La douleur dans mon ventre me rappelle mes erreurs. J’ai peur que tu sois heureux et que je rate ma vie. Ouain, j’ai honte. Qui a dit qu’on était obligé d’être heureux? Je voudrais que tu m’attendes dans un sarcophage où je ne viendrais jamais te rejoindre. Que tu lèches nos souvenirs comme un reliquat de mon clitoris.