Roman

Et toc!

Par |2016-12-21T15:12:32-05:0024 avril, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Roman, Textes de creation|

Déposer la serviette de lin tissé devant le micro-ondes, toujours la même serviette de lin, toujours au même endroit, toujours. On ne se fait prendre qu’une seule fois à mettre sa main sous un plat de plastique brûlant. Faire pression sur le bouton-poussoir du micro-ondes, contrôler cette pression; il ne faut rien brusquer. L’important restera ma main gauche : à l’affût à chaque instant de la manœuvre. Prête, elle attrape la porte du micro-ondes, l’empêchant du même coup d’aller se heurter contre le mur. J’ai en horreur le toc qui se produit lorsqu’elle le frappe : la plainte sourde du gypse défraîchi m’horripile – personne ne vient ici, pourquoi aurais-je repeint? Ce bruit signifierait l’échec de mon entreprise, la perte de contrôle : il ne faut jamais perdre le contrôle. Immobile, elle se doit de rester immobile.

La résilience des corps

Par |2016-12-21T15:12:40-05:0015 avril, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Roman, Textes de creation|

— On était dans Charlevoix, dans un chalet qu’elle avait loué pour une semaine, aux Éboulements. Elle aime assez ça, aller là! Ça allait super bien, je veux dire, depuis trois mois, même un peu plus, attends, j’ai écrit dans mon agenda, ok, donc depuis le 15 octobre, elle allait bien. Pas d’absences, pas de confusion ni de crise. Elle avait une job depuis six mois, pas un gros truc, commis dans un magasin de produits naturels, mais ça lui plaisait et elle était bien contente d’avoir d’autres sous que ceux du gouvernement. En tout cas, on était au chalet qu’elle avait réservé elle-même pis qu’elle avait payé toute seule. Après trois jours, elle a commencé à moins bien feeler. Je sais pas trop comment te le décrire. Un matin, je me suis levé, elle était pas dans le lit, elle regardait dehors, en robe de chambre. Quand je l’ai embrassée, elle a sursauté et c’est comme si elle ne me reconnaissait pas.

Mouton et mystère

Par |2016-12-21T15:13:01-05:002 avril, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Roman, Textes de creation|

La classe attendait en silence la réponse. Le professeur prenait plutôt mal les remarques de son auditoire, et les élèves le savaient. Lord Dubuc lissa ses sourcils avec ses index, inspira longuement et se leva d'un bond. Il parcourut la classe de ses yeux, puis accrocha son regard sévère dans le fond de l'âme de la jeune fille qui avait osé: «Non, Ludmilla, je ne connais pas tout, mais j'ai tout fait. Je ne dis pas ça par prétention, mais bien parce que j'ai exercé mille métiers. Et vous saurez, mademoiselle, que celui de professeur d'histoire est bien le pire puisqu'il faut endurer tous vos commentaires impertinents.» Il prit un air froissé. Ludmilla croisa les bras et fit de même. Lord Dubuc sonda la classe pour voir si quelqu'un voulait en rajouter et se retourna vers le tableau.