Ces poèmes ont été écrits sous contraintes dans le cadre du Cabinet des idées reçues tenu au Musée National des beaux-arts du Québec le 30 mars 2012, pendant la Nuit de la création.
 
 
 
 
 
 

I

Contraintes :

  • S’il faut vous inspirer, il faut vous expirer sinon, vous mourrez en apnée
  • Chamane
  • X
  • Dis-moi, je quitte ou pas ?

nous échappons la beauté par les lignes de nos visages   notre mort-née bordée de menaces   rabroue les tristesses   pour poursuivre toute seule   au présent glorieux divisé   où serons-nous   les pieds en sang d’offrandes sorcières

dis-moi   je quitte ou non   la mémoire des os et les années   nos brûlures tout feu   écorchées en nos cœurs

souvenons-nous la maison éloignée   et l’expiration   notre asphyxie et la résonnance des histoires   la montagne et ce voyage multiplié en nos échos

nous disparaissons par endroit   en morceaux déformés d’incantations   et nos coiffures des grands jours jaunissent   fatalement   nos corps renaissent sous des traits masculins   pauvres et perlés   nous avons la peau bleutée de la neige   des lignes transparentes aux poignets   et marchons sur ce fil suspendu entre la raison et nos solitudes

II

Contrainte :

  • Michel Houellebecq

ce qu’il aurait dit   les mains vides et plus rien que cette vie, plus de présence et la paix en solde   ce qu’il aurait voulu c’est qu’ils taisent enfin   ces croyances   leurs voix brûlées de soleil et d’alcool   un sourire pour la route   et les jours de pluie   Houellebecq sur le bord du suicide comme toujours m’aurait soufflé à l’oreille sa désillusion   son amour   la douleur   et aurait crié    qu’elle s’étouffe avec   sa bouche offerte aux croix   qu’elle avale ou pas tout le monde s’en fout   il aurait pleuré, Michel, sa douceur et l’abandon, la tranquillité et son rêve de bras autour de lui   un grand sommeil