Tristan Février

C’est sûr que d’une manière ou d’une autre va falloir que ça touche à la rue. Tant qu’à écrire, autant agiter un peu la carte, déplacer les portes, les remplacer par des ponts. Autant parler avec la vie, celle qui grafigne les vitrines, celle qui est là pour faire des enfants et danser sans fin, celle qui laisse des sucettes dans le cou des condos, des bouts de pintes sous leurs yeux. Autant se donner un peu de misère et beaucoup de plaisir, chercher au fond de sa gorge les mots qui ne répondent ni du juge ni de la police, les phrases qui mettent la table pour cent. Autant parler avec les traces et la rumeur, partager avec elles la satisfaction de tirer la langue, la joie de créer du commun, pis, chemin faisant, inviter tout ce qui bouge à déjouer les engrenages qui nous internent.