[information]Ce texte a été écrit dans le cadre du cours « Exploration des genres » donné à l’automne 2015 par Chloé Savoie-Bernard à l’Université de Montréal. [/information]

 

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Tu es la belle maganée
Qui va au bal tous les soirs
Comment tu fais pour être aussi
Magnifique qu’un oiseau
Pis te décrisser autant
Regarde-moi
Je veux te parler
Mais je sais pas quoi dire
Lis-moi
J’ai oublié comment tenir
Le crayon dans ma main
L’encre
Dans le creux de tes blancs d’yeux
Sens-moi
Pour respirer la maison propre
Pretty propre
Pour compenser
Les saletés
Que je te fais subir
Pretty please
Fais tout ça et
On verra après
Si on peut s’aimer encore

 

 

J’aurais aimé que pendant ces deux ans presque l’éternité quelque chose soit sorti ait éclos sur la rue Bloomfield.
À la place les arbres ont perdu leurs feuilles

 

 

J’aime voir tes yeux bouger
Quand tu lis
Soudainement
Tu arrêtes
Tu bois ton lait
Petite chance qui parle pas beaucoup
À cause de ton silence j’ai pas su
Tout te dire
Tout ou seulement
Le plus important
Que les garçons déguisés en hommes
Mangent les petites filles
Tu le savais mieux que moi
Comment enterrer tes envies
Dans les terres indifférentes
Tu sais tout mieux que moi
C’est pour ça
Que tu me donnes
Du bonheur à chaque jour égal
Égal de lait chaud
À boire pour me réconforter

 

 

Nous sommes
Toute la chance de s(’)avoir
Tout ce qu’on sait
Tout ce qu’on aime
Pis c’est déjà beaucoup
De choses à supporter

 

 

Des mots rampants sont sortis de ma bouche comme des enfants-rois.
Gâtés et pourris.

 

 

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Ton souffle m’écrase me pèse as fuck me tue un peu plus chaque nuit je suis la fille détruite par le vent de ta bouche de tes poumons tués par la fumée de tes smokes

Donne-moi des petits bébés mort-nés étouffés par la cendre de tes dedans d’organes

Mon cœur me lâche comme dans je suis désarmée tu es le sang qui coule à l’intérieur tu es un feu-follet qui me fait regretter de te tendre des pièges

Mon homme mon renardeau tu es la rivière qui me permet de retrouver les mots qui te disent fuck all que tu comprendrais.

 

Regarde-moi m’écrouler
Je suis une statue de pierre
Gangrénée par tout ce qui me
Fait tomber aujourd’hui
Je sais plus ce qui me rend forte
Regarde-moi basculer
Dans le rien pantoute
Le noir de la grotte du soumis
Regarde-moi
Sans être assez courageux
Pour soutenir la peur en même temps
Toi aussi tu partiras
Pars loin et
Ne reviens jamais
Mon homme
Tu seras pas
La charrue pis les bœufs
En même temps

 

 

C’est toi mon homme mon briquet
Qui me donne soif
De crème de chou-fleur
Dans ma bouche béante
De fleur d’oranger dans mes yeux éteints
Regarder la nourriture sans la manger
Avaler de l’asphalte pendant les jours pluvieux
Comme si leur force m’était léguée
J’ai pris les craques à la place
Dans la voix et sur les poignets
Donne-moi mon verre d’eau amour
Que je te le jette au visage
J’ai une hargne irrépressible
Et le dangereux talent de faire pitié

 

 

J’aimerais avoir
Une jolie chemise avec un col
Boutonné jusqu’au cou
Des manches infinies
Aux couleurs de fin d’après-midi
Pour cacher mon corps
Que j’ai déchiré
Quand je voulais combler le vide
J’aimerais que des fleurs bleues
Recouvrent les parties tuméfiées
Pis que des poupées russes
Cachent les lignes proches
Rouges ou blanches
Je veux une cape longue et claire
Pour me sentir au moins un peu magique
Dans mes anéantissements
Dans mes peines grosses comme des ventres
De femmes qui éclatent
Perdent leurs eaux
Papa me dit
T’es mon ange scarifié
Les mots nucléaires
Comme des petits oiseaux
Qui nous piquent les yeux
Rongent les miens
Pardonne-moi papa
Ma façon troublée
D’être ta fille montagne-russe

 

 

Tu me dis
De te piquer avec des gros mots-moustiques
Bois-moi
Avale-moi tout rond pour que je sois à l’intérieur
Pu de personne
Pu de problème
T’es mon problème-personne préféré
Number one
J’entends
Le téléphone
Papa papa
Votre fille est décrissée
Votre fille est une copieuse expérimentée
Nous serons un ensemble et on nous appellera famille.