Ce texte a été écrit dans le cadre du concours Reliures organisé en 2018 par les Jeunes programmatrices de la Maison de la littérature de Québec.

nous ouvrirons la voie
comme les yacks fendent la tempête
à travers le monde ses doubles sens

nous volerons de montagne en montagne
à perte de souffle le ciel ouvert
mains moites d’espérances
nous aurons soif de vent intérieur
nous aurons chaud d’être vivantes
et en sueur
peau battante
lèvres avides
agitées par la faim de nos veines
comme la sève des grands espaces
où baigneront nos corps

et quand viendra le soir coulant
les ombres du passé
nous éviterons les territoires minés
pour apprendre à vivre
cent ans d’intuition
brûlant ressac
dans le réseau de nos artères

quand viendra le soir
déshabillées nous deviendrons
les arcanes majeures
nos vies enfin dégagées
au creux du pays
quand viendra le soir
nous serons la lueur naissante de l’avenir
flambant incendie meurtrier
l’abysse enfin
explosé

nous monterons la garde de nos corps
nous dresserons l’oreille
à l’affut
pour nous reconquérir
dans l’éclatante lumière

et quand viendra le soir

nous aurons tous les droits
même celui de nous oublier

nous ne nous désapprendrons jamais