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À propos Cassie Bérard

  Cassie Bérard est professeure régulière au Département d'études littéraires de l'UQÀM et chercheure régulière à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire. Elle est l’auteure de deux romans, D’autres fantômes (Druide, 2014) et Qu’il est bon de se noyer (Druide, 2016), et de plusieurs fictions brèves publiées dans des revues québécoises. Ses recherches en théorie et pratique de la création littéraire portent sur les artifices de la fiction, plus particulièrement les narrations problématiques, et l’expérience du soupçon qu’ils entretiennent.

6. Le procès de C

Par |2016-12-02T13:42:09-05:0022 décembre, 2014|Cassie Bérard, En résidence|

Des fiers-à-bras m’agrippent par derrière, je me débats. Où me laisseront-ils? Aux personnages non fiables on réserve l’hôpital ou la prison… Je voudrais m’adresser au narrateur. Le convaincre. Comprendre son motif, son intention. J’essaie de réfléchir à une diversion. Les théories de la non-fiabilité, tour à tour, me reviennent. Il doit bien y avoir un argument, une parole que je pourrais lancer pour semer le doute, le désordre, réclamer un sursis.

5. Les locataires de l’ombre

Par |2016-12-02T13:42:46-05:0026 novembre, 2014|Cassie Bérard, En résidence|

Cependant, je n’ai pu m’empêcher de remarquer le petit calepin dans lequel l’homme inscrivait des notes dès que je prononçais un mot. David et moi dissertions sur les différences entre le narrateur faillible et le narrateur indigne de confiance ; il s’empressait de griffonner. David et moi débattions de la non-fiabilité du narrateur discordant ; il griffonnait.

4. Le paradoxe du menteur

Par |2016-12-02T13:43:28-05:0017 septembre, 2014|Cassie Bérard, En résidence|

Le vagabond se redresse, il dégage une odeur de vieille chaussette et, quand il parle, une haleine aigre à me lever le cœur. Je songe à hurler pour que surgisse dans l’arrière-cour mon historien de propriétaire, je veux me barricader, appeler la police, mais je fixe plutôt la mallette. Je pense : le hasard n’existe pas.

3. Le dire à David

Par |2016-12-02T13:44:02-05:0014 août, 2014|Cassie Bérard, En résidence|

Fidèle à son zèle, David m’a ramené de la bibliothèque des tonnes de livres de théorie; la plupart, je les avais déjà lus pour rédiger ma thèse, mais il fallait recommencer, m’ordonnait-il, relire et relire et s’assurer de tout comprendre, devenir l’experte des données sous-jacentes, n’en laisser passer aucune, connaître le sujet sur le bout des doigts, savoir pointer le menteur sans jamais se tromper.

2. La triste agonie du cloporte

Par |2016-12-02T13:44:38-05:0016 juillet, 2014|Cassie Bérard, En résidence|

Je ne pouvais plus compter les heures depuis qu’on m’avait assise sur cette chaise – de béton, on aurait dit –, dans cette pièce inquiétante aménagée comme un cube. Je sentais mes reins craquer, ma raison me répétait de partir, mais la tapisserie surchargée m’empêchait de déceler une porte pour m’enfuir. Évidemment, aucune fenêtre, aucune issue.

Le roman étudiant : démon de la création littéraire québécoise?

Par |2016-12-21T15:19:38-05:006 février, 2013|Colloque, Création littéraire, Dossiers thématiques, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de reflexion|

Le problème du «roman étudiant» serait, à en croire les propos de Ricard, qu’il ne répond pas précisément aux exigences du milieu de l’édition que lui-même prétend servir – mettant de l’avant son statut d’éditeur chez Boréal. Donc, le «roman étudiant» aurait ce «défaut» de n’être pas tout à fait conforme aux attentes de l’édition québécoise, mais la «qualité» de répondre à d’autres normes, de s’inscrire dans une visée littéraire et réflexive réglée par le contexte dans lequel il est créé, soit l’université, et d’approcher ainsi certaines notions théoriques ou esthétiques complémentaires à la démarche plus intuitive de création.

La mercenaire

Par |2012-11-12T06:52:34-05:0012 novembre, 2012|Nouvelles, Textes de creation|

Encore, pense Marcus en s’approchant de la maison, encore la moustiquaire trouée par Iode la mercenaire, qui doit râteler avec ses griffes le potager de maman, papa va fulminer, il va me menacer à grands éclats de phrases verbeuses de rendre Iode à la rue, car c’est à ce monde d’asphalte et de lignes jaunes que la chatte appartient au fond, maman devra recommencer ses plants, ça demande du temps, ce qui est une denrée rare, tu le sais, nous le répétons sans cesse, pourquoi n’as-tu pas fermé la porte-fenêtre, Marcus?

La roue tourne

Par |2011-09-09T07:51:59-05:009 septembre, 2011|Nouvelles, Textes de creation|

Si ça se trouve, Julien a fait exprès de me laisser me perdre dans la cohue. J’en ai assez de ses jeux stupides. Assez aussi des gamins qui pleurnichent pour des ballons en cœur. Je voudrais les secouer, leur dire que les amours, ça fait un temps, et qu’ensuite ça éclate. Un enfant me colle son bouquet de barbe à papa sur le bras. Je lui tire les cheveux. Des bouclettes brunes comme celles de Julien. Le garçon grimace; j’attrape une mèche de sa barbe sucrée. La mère du petit me jette un regard dégoûté. Je sens la honte colorer mes joues. Saletés de fêtes foraines.