De la littérature vivante

L’oralité, l’écrit, le numérique, le performatif ou le spectacle sont des véhicules que la création littéraire des uns et des autres peut emprunter pour joindre des lecteurs/auditeurs/spectateurs. Bien sûr, le livre demeure un support privilégié de la diffusion de la littérature. Et il serait faux de penser que la forme « livre » n’a pas eu une influence très marquante sur le développement des différentes formes littéraires (lire ici « genres littéraires »). L’invention de l’imprimerie a provoqué ce virage, faisant passer la littérature de l’oralité à l’écrit. Malgré cela, les pratiques orales ne sont jamais disparues, mais elles sont passées au second plan. Et le premier plan est devenu tellement massif qu’il a certainement porté ombrage aux autres pratiques. De telle sorte qu’en 1973, lorsque Barthes appelle de ses vœux, dans Le plaisir du texte, une « écriture à haute voix », il ignore complètement que Bernard Heidsieck pratiquait une telle littérature depuis plus de vingt ans déjà. Et il n’était pas le seul. Au Québec, la littérature a elle aussi — à son propre rythme et en suivant le fil de sa propre histoire — participé à ce mouvement de décloisonnement des arts qui caractérise notre époque. Or, aujourd’hui, les technologies numériques viennent accélérer ce mouvement et annoncent peut-être une ère où le livre est moins hégémonique et plutôt un accès parmi d’autres menant aux œuvres des écrivains.
Les pratiques sont là, elles existent et sont portées par des générations de poètes-performeurs, d’acteurs-romanciers, de cinéastes-littérateurs, etc. Chez Rhizome, nous sommes convaincus que dans le contexte des bouleversements artistiques et technologiques actuels, on ne peut se permettre de marginaliser les pratiques de création et d’expression littéraire hors le livre sous peine d’isoler la littérature dans le champ des arts.
Si la pratique est bien vivante, le regard théorique portée sur elle demeure marginal. Or, il est temps, nous semble-t-il de joindre la pensée (distanciée) au geste (artistique). C’est pourquoi Rhizome s’est associé au Crachoir de Flaubert pour la mise sur pied de ce dossier.

Simon Dumas
Directeur artistique, Rhizome

Le voyage de mots et de voix dans le corps de Mathieu Arsenault. Considérations sur le texte et la performance de La vie littéraire.

Par |2019-03-05T00:51:15-05:0028 février, 2018|De la littérature vivante, Dossiers thématiques, Performance, Textes de reflexion, Théâtre|

Le spectateur est témoin, sur scène, du flux continuel de pensées du personnage. Arsenault est agité par un vent d’informations, ses membres et ses paroles vont dans tous les sens, il semble lutter contre l’énonciation de ses affirmations. Il représente ainsi un rapport conflictuel avec son rôle social d’artiste. La vie littéraire traite de la légitimation à laquelle les auteurs aspirent en créant des œuvres.

La vie littéraire trafiquée de/par Mathieu Arsenault

Par |2019-03-05T01:15:33-05:0021 février, 2018|De la littérature vivante, Dossiers thématiques, Textes de reflexion, Théâtre|

Lorsque l’on se présente à ce genre de spectacle éponyme dit « littéraire » et, qui plus est, investi par son propre auteur, on est en droit de s’attendre à une lecture jouée. Toutefois, Arsenault semble refuser toute étiquette de comédien et, même s’il a été guidé par le metteur en scène et homme de théâtre Christian Lapointe dans la production de ce spectacle, il est clair que le désir des deux créateurs est de présenter sur scène Arsenault lui-même et non pas une quelconque incarnation de sa protagoniste.