L’Auteur

Je n’ai pas l’habitude d’écrire des trucs avec une idée. Je veux dire, d’écrire pour démontrer quelque chose. Naturellement, je raconte une histoire, c’est ce que je fais : il était une fois, et whatever comment on l’interprète,  il était une fois, et tant pis la lutte des classes, la chasse aux phoques et l’élection d’Obama. D’habitude.

L’Auteur pousse un long soupir. On doit l’imaginer dans un lieu d’écriture propice, un topoï d’écrivain avec tous les symboles archétypaux : la tasse de thé ou de café, les livres qui l’entourent, l’ordinateur qui remplace le calepin et la plume. Son visage est irradié par l’écran. Son visage : il peut ressembler à Barton Fink, mais que personne n’y saisisse là quelque contrainte lourde de sens. D’ailleurs, le lieu en lui-même peut être imaginé diversement : de l’espace impersonnel d’une bibliothèque à une table branchée de café urbain, en passant par ces bureaux immenses en chêne foncé ou un pupitre d’étudiant inséré entre deux poutrelles; il pourrait aussi bien, s’il n’en tenait qu’à moi, être assis sur les toilettes – auquel cas, cependant, il vous apparaîtrait les culottes aux chevilles, ce qui changerait sensiblement sa posture et aurait pour unique effet visible de vous détourner de l’essence de son message.

L’Auteur

Or, cette fois, je dois le dire, des choses se passent – et là-dessus il me faut m’arrêter un instant, il s’agit de lexicographie, des choses se passent. L’éphémère de l’expression, ça me vrille tout à coup : ça passe. En même temps que cette chose survient, elle disparaît, en même temps que ça se produit, ça se désintègre. Se passer. Je ne sais pas pour vous, mais le frisson de sens que ça me provoque m’invite à reconsidérer la suite. Ce qui se passe. Il faut que je vous dise.

On notera dans le ton le changement de registre incessant. Il faut s’imaginer une voix qui accélère par à-coups suivie de grandes décélérations, comme si l’Auteur se remettait à lire un texte déroulant, remis au pas d’une lecture, manière Bernard Derome. Il hésite entre deux registres. Il semble agité. Entre le joual et l’alexandrin. La comparaison paraît loufoque, c’est que je l’emprunte à quelqu’un d’autre.

L’Auteur

Vraiment, il faut que je vous mentionne, il y a des étudiants dans les rues avec des pancartes. Le contraste, sans doute, frappe l’imaginaire : je suis assis en train d’écrire, les lèvres à peine décrochées d’une tasse et eux, cheptel estudiantin, ils s’époumonent, « L’UQÀM en grève », « GRATUITÉ », « ETCETERA », des trucs dans le genre, alors que moi,  je dis, je me contente de dire : je vais vous raconter une histoire à thèse. Ou même, j’ajoute pour la précision : je vais vous proposer une thèse, vous en ferez ce que vous voudrez. Je le sais, vous sourcillez, vous m’accusez, « regardez le lâche, eux autres au froid – eux autres au front – eux autres qui hurlent, qui se mitainisent-se-tuquisent-se-foularisent, et lui qui écrit. » Une thèse. Ou un objet littéraire avec une thèse – ce qui, je le mentionne, est un bien plus grand forfait.

L’Auteur tapote un moment sur sa table – ou contre son genou, si vous avez préféré, de toutes les options, qu’il soit assis sur la toilette. Il se mord l’intérieur de la joue. Cela produit un renflement, là, dans la peau – même d’où vous êtes vous pouvez le noter. Quand je dis « vous », je parle de vous. Vous, forcément.

L’Auteur

J’ai défié un ami, il y a un temps : on buvait quelque boisson, cela pouvait être aussi bien un crème soda, mais on devait boire une bière, et je l’ai défié. Je lui ai dit, comme on prend le ton de la confidence pour susurrer une connerie, oui, je lui ai dit : je te lance un défi. Quand on commence ainsi la discussion, on sent toujours qu’il s’agit là d’une manière de se détourner du centre sensible d’un sujet. On veut parler d’un truc, on ne sait pas comment, la censure, le subconscient frileux, alors survient la stratégie, on se met au défi et on parle de ce dont on ne parle pas, on s’installe confortablement sur le dos d’un quiproquo volontaire, puis on dérape. Doucement. Sportivement. Je lui ai dit : le défi, il t’apparaîtra simple mon défi, mais voilà, il commence comme suit. Je te donne cinq dollars. Tu le prends. Et tu changes le monde avec. Je lui ai dit, foin de théories et d’organisations mondiales qui prétendent changer l’injustice immémoriale de l’humanité par petits morceaux, je te défends, mon idiot, de perdre mon argent au casino de l’UNICEF, je ne désire pas te voir changer le monde un petit peu, j’aspire au durable, à la révolution, hic et nunc, on se réveillera et tout ce qui nous entourera sentira véritablement le char neuf. C’est une métaphore. Voilà ce que je lui ai dit. Il a tendu la main, mon ami. Il m’a répondu, y m’a répondu…

L’Auteur hésite, il sait qu’il doit maintenant changer de locuteur, insérer l’ami dans le propos, mais il se demande sincèrement comment la norme théâtrale lui permettrait de faire passer une parole rapportée pour une réplique directe, il tente de mesurer l’honnêteté d’un tel processus. D’ailleurs, l’Auteur songe que peut-être il en a trop fait en laissant son registre de langage péricliter de la sorte ; évidemment, il s’agissait alors de rendre la dynamique d’une discussion autour d’une bière. Le passage de l’illocutoire au perlocutoire a sur la langue des conséquences malheureuses, philosophe-t-il – ou enfin, méta-discourt-il, allez savoir ce qu’il fait à cet instant précis. Il hésite encore, même tapotement de l’index contre une surface – table ou genou.

L’Ami

Fine, donne l’argent et je t’arrange ça.

L’Auteur

Tu me dis comment tu feras?

L’Ami

J’inventerai rien.

L’Auteur

Je ne suis pas une de tes tantes que tu dois rassurer après qu’elle t’ait prêté un bidon d’essence et des allumettes. Dis-moi simplement comment ton génie va changer le monde. Juste ça.

L’Ami

Ta question a deux sens. Sémantiquement, je veux dire.

L’Auteur

Laisse faire la sémantique, c’est moi l’Auteur.

L’Ami

Oui, mais reste que je sais pas quoi répondre. Si tu me demandes comment je vais m’y prendre pour changer le monde, je vais te le dire. Mais si tu me demandes comment va être le monde après que je l’aie changé, who cares, de toute façon personne le sait.

L’Auteur

Je t’écoute.

L’Ami

D’abord, je veux te mentionner que c’est vraiment vide notre discussion, on dirait qu’on veut faire une fable de Lafontaine, genre « Deux ivrognes et un défi », ça va te faire du très mauvais matériel pour écrire ta patente.

L’Auteur

Je ne l’utiliserai sûrement pas, je ne fais pas dans le « roman à thèse » ou dans le « poème moral ». Je laisse ça aux petites retraitées.

L’Ami

Bon. Cinq dollars, le monde à changer. Ça fait thème de joute d’improvisation. Quand même. Je me lance.

L’Auteur se redresse un peu, on entend le dos qui craque. On doit rappeler à cet instant qu’il est seul devant une table – ou l’ordinateur posé sur ses genoux –,  qu’il tente de trouver du sens à ce qu’il écrit, une histoire qu’il essaie de raconter avec ce nouveau locuteur, là, imaginé par-devant lui. Il l’ausculte, dirait-on, le visage bleui de la luminescence de son écran, il l’ausculte, oui, certains regarderaient ainsi une madeleine.

L’Ami

D’abord, je vais voir Paul. Je lui dis : donne-moi dix dollars et d’ici la fin du mois, je t’en remets quinze. Puis j’ajoute : t’auras rien à faire, juste attendre, ça va se gagner tout seul.

L’Auteur

Et puis ?

L’Ami

Paul va me les donner, de toute façon, il me connaît et ça sera toujours bien juste dix dollars de perdus si je suis un crosseur.

L’Auteur

Logique.

L’Ami

Après j’irai voir Céline, je lui dirai : regarde, Céline, j’ai ici quinze dollars. Si tu me donnes vingt dollars, j’en aurai trente-cinq. Avec trente-cinq dollars, je vais pouvoir m’acheter un bidule qui me rapportera gros. Je te garantis que je te ristourne un gros trente-cinq dollars d’ici la fin du mois.

L’Auteur

Elle va marcher ?

L’Ami

Moins sûr. Sinon, j’essaye quelqu’un d’autre. De toute manière, après, je vais voir Harvey, et avec lui je peux aller chercher un petit rouge. Même discours. Sauf que je parlerai d’actions et de rendements, il aime ça quand c’est officiel. Acheter des actions, profit de bourses, etc.

L’Auteur

Où tu veux en venir ?

L’Ami

Je me rends de même, avec des petits montants, jusqu’à mille dollars. À ce moment-là, je rembourse les premiers prêts, Paul, Céline, Harvey, et je leur dis que la méthode est éprouvée, ils m’en donnent le double parce que l’argent facile, c’est pas toujours évident, et que j’ai toujours bien mille dollars de garantis à leur montrer. Avec leur prêt, je rembourse les autres qui m’en remettent le double, et je procède ainsi jusqu’à ce que je devienne millionnaire.

L’Auteur

Bon.

L’Ami

C’est ça.

L’Auteur

Et changer le monde là-dedans ?

L’Ami

Avec des millions, tout est possible.

Un petit sourire s’esquisse sur le visage de L’Auteur. Il a l’impression d’avoir trouvé quelque chose, allez savoir quoi. Il n’a jamais eu la main avec les textes à thèse. Il songe même, en se penchant de nouveau sur son clavier, qu’il ignore, fondamentalement, ce qu’on entend par thèse.

L’Auteur

Je me suis perdu. Ce que je voulais dire par là, c’est que… Je voulais vous raconter l’histoire de moi et de mon ami, de mon ami et de moi, enfin. Démontrer, ce faisant, l’intérêt de mon projet en traçant sa genèse, si vous voulez. Je recommence : des étudiants manifestent dans la rue. Drapeaux, trompettes, pancartes. J’écris ceci. Vous vous dites que je ne parle que de moi vous vous dites…

Autre hésitation chez l’Auteur, cette fois marquée par un doigt contre ses lèvres. Le regard vide. Il écrit un mot, l’efface. Il se demande, sincèrement, si « Vous » devrait avoir sa place dans le dialogue. Il poursuit.

Vous

Tu parles juste de toi, comme si la manière dont tu écris le texte, la raison pour laquelle tu le fais était plus importante, plus déterminante que la finalité du texte lui-même. Comme si tu voulais cacher ton marasme : ne rien avoir à dire. Loque. Va dans la rue.

L’Auteur

Vous me rappelez que je dois être utile, sage rappel s’il en est, bien que je songe à cet instant précis au concept d’utilité, et que peut-être, au final, la seule thèse possible se trouve là : mon utilité.

Vous

Encore à parler de toi.

L’Auteur

Parler de moi, faut voir : se produit aujourd’hui même un grand rassemblement de jeunes dans les rues, et  ils n’hurlent que pour ne pas payer plus cher. On ne parle jamais que de soi. Même que parler de soi est en passe de devenir une vertu. Parler de soi : le saint passage du particulier à l’universel.

Vous

Cynique.

L’Auteur

Humaniste, je rectifie parce que je ne voudrais pas passer pour plus merdeux que le dialogue pourrait me faire paraître. Je suis en faveur de cette manifestation. Simplement, je ne me trouve pas parmi eux.

Vous

Lâche, on y revient.

L’Auteur

Non, je revendique, différemment. Une autre cause.

Vous

On t’écoute.

L’Auteur

Mon ami, par sa méthode, a démontré un état de fait. Déterminant. Les défis autour d’une bière laissent place à un large éventail de possibilités, mais ils sont plutôt laborieux à raconter. L’écriture théâtrale elle-même ne suffit pas à sauver la mise : ça ressemble encore à un soap américain.

Vous

C’est risible. Tu parles encore de toi.

L’Auteur

Je ne dirais pas ça. Qu’importe. Je vais raconter une autre histoire, ça ne parlera pas de moi. Il était une fois, vois-tu, un groupe de révolutionnaires qui voulait fomenter un coup d’État.

Vous

Mm ?

L’Auteur

Carabines, caméras, etc., ils entrent dans la capitale, fusillent un ou deux députés et disent aux journalistes – parce que les journalistes sont toujours là – qu’ils vont établir un tout nouveau régime et que le peuple n’a qu’à bien se tenir : dans ce régime, un groupe réduit aurait tous les privilèges et ce groupe serait désigné arbitrairement par le régime, le reste du peuple s’en sortirait cahin-caha, et tant pis pour eux.

Vous

Bon. Et le punch?

L’Auteur

Ça m’embête, l’histoire n’en a pas. J’imagine que le régime a sévi longtemps, qu’une crise a eu lieu, que le régime a arrêté de sévir et puis qu’est survenu un autre régime. J’imagine que des gens ont fait des barricades dans les rues, ont lancé des roches, des cris, des petits garçons avec des catapultes ou je ne sais pas et qu’on a changé les choses. J’imagine.

Vous

Parlons des étudiants, veux-tu.

L’Auteur

Ils sont dans la rue. Ils défendent leurs acquis, ils veulent empêcher que les choses changent. C’est important d’empêcher l’idée qu’on se fait du monde de se détraquer. Il y a des privilèges, on ne veut pas les perdre. Je ne suis pas contre la cause. On ne parle pas ici d’une génération favorisée parmi toutes et qu’après eux, la misère noire. Ils se sont mis des tuques et des mitaines, ils ont pris des pancartes, c’est pour défendre une idée qui va faire son temps. Pour leurs enfants, les enfants de leurs enfants. Sûrement qu’ils ne le font pas juste pour eux. On appelle ça un principe.

Vous

So, pourquoi t’es pas dans la rue?

L’Auteur

Parce que j’écris ce texte-là. Un texte avec une thèse.

Vous

Et ta thèse, du con?

L’Auteur

Ma thèse est la suivante : rester assis chez moi et écrire une thèse.

Vous

Ce n’est pas une thèse.

L’Auteur

Faudrait voir. Je vais te raconter une histoire. Vous raconter.

Tout à coup l’Auteur réalise qu’en vous tutoyant, ne serait-ce qu’une fois, il se fait une image bien plus homogène de son locuteur, et que, par conséquent, la thèse qu’il tente de démontrer tient compte spécifiquement d’un objet à convaincre, que l’acte de persuasion, conséquemment, est essentiel à son expression même. Tout cela, puisqu’il s’agit de théâtre, doit apparaître sur les traits de l’Auteur. On a besoin, ici, d’un très grand acteur.

L’Auteur

L’histoire est la suivante : l’église d’un village tombe en ruines. Il s’agit d’un petit village, d’une petite Église, mais d’une très grande ruine. Alors, comme il se doit, on cherche de l’argent : les quêtes ne sont que des miettes éparpillées dans le vent et la dîme se confond depuis des années avec les comptes de taxes et les impôts. Si je paye mes taxes et impôts, se disent les chers concitoyens, je paye un peu de ma dîme, il y a toujours bien des limites à se faire sucer son salaire annuel. On comprend. Voilà que, construit à même la philanthropie populaire, un comité sensible surgit comme Ève du flanc d’Adam, de la chair de la chair du petit village : les bonnes gens veulent sauver leur église. Ledit comité place donc une demande à des organismes provinciaux ou fédéraux sans néanmoins recevoir quelque réponse. Ainsi se prolonge la disette, la charpente de la bâtisse, squelettique, tremble sous le soleil de juin et la nef, vide le plus souvent et découverte aux assauts du noroît, gronde comme un ventre famélique. La ruine est ruine et restera ruine. Vous imaginez : l’hiver s’en vient, à la première bordée, à la première bourrasque, on peut craindre de voir s’envoler le toit, comme un haut-de-forme, témoin de la fortune d’antan, et soufflé par le vent de la tête du clochard. Cependant, vous voyez, une idée germe dans le groupe : on se dit, oui, et si on en faisait un lieu culturel? On y donnerait des cours de dessin, des cours oratoires, des cours de chant, on organiserait des groupes de lecture, en tout cas, comme à la messe, sauf que ce serait culturel.

Vous

Et puis?

L’Auteur

Ils ont eu le financement. Ils étaient contents. Amen.

Vous

Ça, c’est une thèse.

L’Auteur

Qu’est-ce que vous voulez dire?

Vous

On sent, dans le ton, toute ta grogne contre les privilèges.

L’Auteur

Grogne? Non. Et je ne parlerais pas ici de privilèges : il s’agit d’une subvention culturelle. Au demeurant, si vous sous-entendez que je suis contre les privilèges des étudiants, je croyais m’être clairement prononcé en faveur de leur cause.

Vous

Tu n’es pas avec eux

L’Auteur

Mais avec leur esprit. Physiquement, il est vrai, je suis ici et j’écris une thèse. Je dis juste que les choses passent.

Vous

Passer. C’est ton thème ?

L’Auteur

Non, mais – il y a des évidences. On peut défendre le statu quo, mais à un certain moment, le statu quo tombe de lui-même en ruine et il faut ou bien apprendre à survivre dans les décombres, ou bien faire passer pour culturel ce qui est religieux.

Vous

Qu’est-ce que –

L’Auteur

Je parle de l’Église. Métaphore, analogie, you-hou? Et de toute manière, il ne s’agit pas d’une thèse, c’est une évidence. Je suis avec eux, à cent pour cent. Jusqu’à ce qu’eux-mêmes ne soient plus avec eux, je veux dire, jusqu’à ce que, je ne sais pas. Ma thèse, si vous voulez me laisser parler, c’est la suivante.

Il marque une pause, il efface quelques phrases, se touche la paupière, murmure quelques mots, on se demande s’il lit les lignes devant lui ou s’il récite une suite imaginée. Dans tous les cas, ce qu’il prononce, ainsi, est off-page et ne pourra, conséquemment, être entendu par le lecteur. Il prend son élan, et d’un seul souffle – lire ici que ses doigts pétaradent contre les touches sans que l’on puisse entendre le vent souffler ou les craquements de quelque tuyauterie – il écrit la suite.

L’Auteur

Ma thèse, la seule, je crois, que je défende avec quelque nuance, quelque intérêt, est la suivante : écrire du théâtre pour le papier change sensiblement le sens du théâtre lui-même et change le sens de la narration. Je suis confus, vraiment, je me suis étourdi à rédiger tout cela. Les registres, les coupures, les personnages. Je me demande même si le rideau ne va pas me tomber sur le nez au milieu de ma réplique. Juste ça, le mot « réplique », il pose quelque problème à ma manière d’exprimer les choses. J’aurais dû m’adonner à la poésie.

Il vous regarde. Son visage est illuminé, très bleu à cet instant précis, un bleu qui ne s’explique que par la teinte diaphane de sa peau, très blanche. Et, haussant les épaules, comme déçu lui-même de devoir ainsi conclure, sans Big Bang, sans fusil, sans fanfare, il dit :

L’Auteur

That’s it.

Il se lève, la lumière de l’écran quitte subitement ses traits et il semble faire noir dans la pièce, comme si la nuit s’était lovée contre les fenêtres sans rien dire. Il fait deux pas. Bat des paupières, on voit ses yeux qui luisent dans la pénombre. Il revient de deux pas, à son lieu d’origine. Il tire la chasse. Ça se termine dans un grand siphon d’eau et de bien d’autres choses.