Au plus bas des chaleurs
Aux envies morbides
Certains vivent à fond
D’autres existent, au fond
Coupe court aux envolées
Crache le morceau
C’est parce que tu marches croche
Dans ce monde où tout te heurte
En fait, c’est vivre la violence
Où tu ne peux supporter ce que l’on t’impose
Le questionnement d’hier demeure le même demain
Les réponses sont insolubles
Pourquoi tu danses?
Faut bouger
Sans ça t’es dans ta tête
Pis dans ta tête, tu vois rien
Tu la cherches la saveur
Tu t’épuises à puiser puis priser ce que l’on t’offre
Tu t’en imposes en fait
Tu scrutes le plaisir
Tu cherches à survivre
Au fond
De la marde
À manger
Mais ne sachant trop quoi dire, tu distilles ta douleur en une prose alambiquée et hautainement vide en enveloppant la souffrance de termes exquis pour le bout d’une langue qui ne lèche qu’un charbon
Tu chantes en criant
Ce que les autres ont à dire
Ton propre silence t’énerve
Tu t’exaspères, tu te couds la gueule
La gueule
C’est pas une bouche si t’as rien à dire
Hein?
Hein?
C’est pas une bouche humaine si t’as rien à dire
Alors tu fermes ta gueule
Alors tu te bourres la gueule
Tu manges
Tu parles pas
Tu survis
À fond
C’est pas une existence humaine
Si tu parles pas
Tu redessines tes contours
Tu contournes les détours de ce qui faisait de toi un Homme
Tu carbures à l’animalité d’attendre ta mort
Ô! Doux lit où reposer tout problème
Ah! Stupide attente de huit décennies ou seize heures
Avant de se lâcher sur l’oreiller
Même ta lampe de chevet te juge et
Te traite de lâche
Même l’interrupteur, dans sa brièveté parolière, te demande ce que tu fous ici :
« Tu fous quoi de ta vie? »
« Qu’est-ce que tu branles? »
« Dis-moi ce qui te chambranle? »
« À quoi tu rêves dans tes songes de couteaux? »
« Tu dessines quoi, au briquet, sur ta peau? »
« Tu amoindris l’attente à coup de clopes. »
« Pour toi, la vie est à ce point une salope? »
Après une longue conversation avec ton interrupteur, tu te dis que tu débloques
Mais ce qui te trouble le plus c’est :
Pourquoi il est grossier? mais surtout
Pourquoi il est français?
Tu le recroquevilles
Toi aussi
L’obscurité totale fait, ce soir, office de couverture
Sans stimuli
Tu paniques
Sans stimuli
Tu t’en crées
Tu as besoin de ta dose
Ton fix d’hors-toi
La lumière du cellulaire
Fait office d’aiguille
Tu craques
Et tu craques une lumière
Tu te donnes le droit à un dernier cancer
Entre chaque ligne
Une morbidité assumée
Demain
Tu n’en parleras à personne
Tu préféreras écouter
Sortir un peu de toi
Trouver, chez l’autre, une maigre joie
C’est toi le problème
Tu le sais trop bien
Tu n’as rien à dire
Tu te rappelles que tu n’as rien à dire?
Tu ne serais qu’une lourdeur pour une bande de surchargés
Tu n’es qu’un supplémentaire à la face du monde
Tu ne mérites pas d’être consolé
Tu n’es pas un méritant
De toute façon
Qui peut dire quoi?
Tu n’as pas goût au baume
Tu ne seras que le silence du :
« Je vais bien, rien de nouveau »
Demain
Demain, la question c’est :
Je m’affale en chemin ou
Je traverse la route?
Je mets le feu ou
J’érige?
Je souffle ou
Je crache?
Tu trouves ça drôle
À force de cracher sur tout
C’est toi qui dégoulines
Tu dégoulines des sueurs que te cause la vie
Les battements à 120
À simplement respirer
Le cœur s’essouffle
À simplement perdurer
Pour avoir goûté à la mort de cette vie
Les plus belles paroles que j’ai entendues sont
D’un poète mal rasé :
«Tire-toi »