Tu t’étends au sol,
nu,
dans le gravier,
sous le soleil,
pour que ça fasse mal.
Pis t’attends que les chiens
s’abreuvent de ta sueur.
C’est pas des charognards,
eux.
Mais ça fait aussi mal,
le contact.
Ça arrache.
Ça décape.
Ça te ramène à ton corps.
Ça te rappelle que t’es vivant.
Encore.

C’est pas les premières langues qui t’explorent.
En dehors,
en dedans,
c’est quoi la différence?
Ça chatouille.
Tu te crispes.
Tu te crispes tout le temps,
quand ça rentre en toi.
Faut avertir,
par politesse.

C’est pas éduqué ce monde-là.
C’est pas le Temps d’une paix,
mais quand même.
La Terre de chez nous,
c’est pus juste un journal agricole.
Ça conseille le labour,
le fourrage,
la semence.
Ça te dit quand sortir la machinerie lourde,
quand épandre la marde,
quoi utiliser comme engrais,
pour avoir la meilleure récolte,
de petits gars.

Tout le monde te connaît au village.
T’es une bête rare,
une race pure.
Merci papa.
Pas un bâtard de la ville,
qui vient faire son coq.
Beugler,
meugler,
mugir,
tu fais tout ça toi.
Tu les connais
les critères d’excellence.
Tu les connais
les bons spots.
Une bête de somme
qui porte la marchandise de leur plaisir
entre ses jambes.

Traire une vache,
c’est comme branler quatre petites queues,
l’une après l’autre,
dans ton poing.
Pour tout faire sortir.
T’es pas difficile
sur le pourcentage de gras.
Tu bois tout le lait qui sort.
Tu prends ton rôle de goûteur
au sérieux.

Tu saccages
la bassecour
pendant que leurs poulettes
regardent ailleurs.
Tu voles leurs œufs.
Tu les prends
entre tes doigts.
T’as des skills.
Tu jongles avec
jusqu’à ce que ça te coule dessus.
Quand leur face craque.
Que toute pète.
Leur petite jouissance.
Que ça te coule dans la face,
sur le ventre,
le long des jambes.
C’est visqueux,
ça glisse.
Ça lubrifie-tu bien,
un foetus de poussin?

Ta mère t’a tout appris,
quand vous faisiez le potager.
T’installes la graine,
pis tu l’enfonces bien profond dans la terre,
en ligne droite,
juste avec ton majeur.
Le doigt du Fuck you.
Ça y va tout seul.
C’est ça le secret.
T’es un initié,
un homme de la terre.
T’as le pouce vert
toi aussi.

Pis une main dans le cul,
c’est moins pire qu’on pense.
Y ont l’habitude eux.
Y en ont aidé des vaches
à vêler.
Y l’ont rentré leur bras,
jusqu’au coude parfois,
avec des grands gants
comme des capotes de géants.
C’est pas ton petit trou
qui leur fait peur.
Y ont sorti des affaires pires que ça.
Y en ont vu des veaux se péter la gueule
dans le dalot.
Y se plaignent pas eux.
Te plains-tu, toi?

Un épouvantail,
c’est ça que t’es.
Sauf que tu les attires,
les corbeaux.
Tu gâches la semence
au lieu de la protéger.
Sorry mom.
Rester immobile,
les bras en croix,
à te faire picosser,
c’est ce que tu fais de mieux.
Y te sortent la bourrure
de la peau,
mais tu t’en fous.
T’as rien à cacher.
T’es le Prométhée moderne.
Tu le sais que tu vas renaître chaque nuit,
anyways.
T’es un tough.
T’es un homme
toi aussi.

Regarde papa.
Moi aussi
je travaille manuel.
Je l’utilise
l’huile de bras familial.
Pour me graisser le cul
après me l’être fendu
pour toi.

Je suis une fierté régionale,
ton héritage familial,
leur plug anale.
Qu’est-ce que ça change?
Ça revient au même,
pour toi.
Tu veux juste que je serve
à quelque chose.
Que je donne au suivant.
Je me donne à tes chums.
Ça fait-tu pareil?
Je fais partie
de la gang.
C’est tu ça que t’attendais
pour être fier
de ton gars?