cinq gars     une fille

ton ventre m’appréhende

j’embryonne les parois de ta peur      masculine

je suis celui que tu ne désires pas

celle que tu veux

trop de mâles sous ta toiture cosmogonique

***

maman     j’ai le miroir fragile

les yeux percés de bâillements

figés à la hauteur de ta tasse

d’une main

l’eau carbonise ma peau

enveloppée d’une couverture de laine

mon sein gauche

tatoué pour toujours

***

Expo 67

ça fanfare

sur la terre des hommes

loin de ma baraque

j’expose mes quatre ans

à la hauteur de mes trois pommes

ciel pâmé

fourmis rassemblées

fierté

ma bouche entrouverte

enregistre la fête

***

Joe Bazooka chante l’oiseau

sur ma cenne noire brune

ma gomme s’impatiente

 la joie s’affole

je cavale vers le rose

de la brique jaune

à la tabagie du coin

***

je roule la candeur de mes pieds

la tête joyeuse

enivrée de libertinage

mon tricycle me suit

personne ne surveille ma cadence

je perds mes pédales

vite vite vite

le ravin m’attend

sur le bord       ma vie s’arrête

***

Claire     ma muse     maîtresse

mon année artiste

je joue l’école

improvise le juge

jongle les arts

plante mon premier texte

allure poétesse

sur le tronc d’un arbre dessiné

***

les vacances au lac

jamais toute la famille

la voiture enfumée

des poumons de papa

six heures à migrainer

le soleil touffeur

un sac tient la main de mon cœur

malade de respirer

***

mes narines fleurtent

échantillons d’odeurs grenier

je reluque

cadeaux garde-robe

le Slinky s’amuse

tu ne vois rien

maman

ne dis rien

la magie dans tes yeux t’aveugle

mon cœur jubile

je respire le vrai sapin

sur l’air soufflé des cantiques