te caller de la toundra aux Appalaches

gueule ouverte je te nomme entre mes crocs

ça sent le muskeg

le sapinage    ton nom

donne-moi ta hache

bûcheronne en talons hauts

je t’embrasse contre le sapin

collée à la gomme

tu ne bouges plus

au loin           des loups guettent

la Mattawin s’enfarge dans nos robes suspendues aux vagues

ils salivent

au lever du soleil

la Restigouche entre en moi

je coule à pic

tu contemples ma descente

et le bas de mes reins

je m’éloigne

mon maquillage mouillé à moitié

les égorger

nos peaux de dentelles s’agenouillent

au pied de talles de cervidés

les vider

nos manteaux de poils respirent seuls

nos souffles rigolent

un cerf vole au-dessus de la Mitis

un Riopelle s’invite

tu me baises

habillées de corsages

nous dévorons un élan d’Amérique

ses viscères nous regardent

au pays des Atikamekw

j’ai faim

sur mon ventre

la martre que tu avais égarée

la faire cuire sur le poêle à bois

un repas de reine

en pensant à toi

de l’eau dans ton cou

la Jacques-Cartier se répand sous mon mascara humide

je rame avec ma jupe déchirée

en bramant une Nocturne de Chopin

nos muscles parfumés

je drave avec canif au cou et perles imparfaites

la Wemotaci baigne nos plaies

la vie

je dessouche tes colliers et tes seins

tuer nos pères avec nos bijoux de soie

la fin approche

bipèdes en blouses autour de la Windigo

nos pattes avancent dans le brouillard

une forêt marche avec nous

des loups sous le bras

nous rions

des humains nous braquent

ne te retourne pas