novembre unanime
demande grâce aux déchets

 

bouffi.e de migraine je reste
petit corps
cloué.e
sur ce divan au centre du monde
exosquelette affamé
dans ses bobettes blanches
et ses miettes de chips

 

le monde rêve en moi
des bouillons de sang noir

 

je fais semblant d’accomplir de grandes choses
et le film          l’instrument de mes fulgurances
claque le fouet des images cruelles

 

***

 

Les glaces en pleine fonte laissent sillonner des crevasses béantes dans la rue, c’est chaque année la même chose. Une fois, je m’y suis aventuré.e et l’ai payé d’un coude ouvert qui s’est mis à pisser le sang dans mon manteau. Quand F. s’est approché pour se moquer de moi, j’ai brandi mon coude sanglant, un os blanchâtre dépassait, ça a suffi pour qu’il s’éloigne, une grimace d’écœurement au visage.

J’ai poursuivi mon chemin vers le Vidéo 317.

 

***

La nuit passe, bobine vénéneuse. Je trouve refuge dans des mondes délétères à tendance morbide.

mes oreilles de papier sur l’écran
je me révèle
par un jeu de selfies, de riffs synthétisés
tout un système d’électrodes
l’amas des cimetières foireux et la photo parfaite pour laver
le visage de nos secrets

 

les éclairs gores les boîtes                crâniennes font ressurgir       la langue trouée morceau de fer                  visant artère carotide grimaces         marionnettes putrides en corps à corps avec la splendeur
veine jugulaire tripatouillant
sous-sol clairsemé de morceaux de cadavres comme des marguerites dans un champ

Un orage s’ébat dans sa furie violacée, ébranle les fondations de la maison ; sur la partie arrière du terrain, le bouleau trentenaire et ses branches maniaques se démènent. Scènes de pénombre où chaque recoin peut cacher le pire, où la mort rôde derrière un mur, une porte, une boîte.
Tronçonnages méticuleux, mutilations cradingues, grain de la pellicule : on ne connaîtra jamais la provenance de ces pleurs d’enfant.

 

***

 

Une fois n’est pas coutume, je dépose mon sac de Doritos afin de ne pas ruiner l’ambiance sonore, bien que j’en connaisse déjà par cœur la moindre variation.

***

au bout de moi           un visage émeute cache
le dessin des enfants
d’ammoniac

 

je fais semblant d’accomplir
de grandes choses
je ne sais dormir que vivant.e
l’esprit cloué
comme un cercueil

 

et rêver d’épaules sans fatigue

 

***

La nuit est terminée, la ville bafouille son éveil. Les voitures quittent leur stationnement, au compte-gouttes d’abord, puis c’est un déferlement de moteurs, de pots d’échappement et de chaînes de vélos qui emplissent la rue en contrebas.

 

je me veux emmêlé.e
aux stroboscopes
désaffilié.e je déterre enfin cette douleur
triomphale

 

5 h am
l’eau brûlante de la douche m’enveloppe
dans la courbe arrogante de ses doigts
seulement pour se moquer