Je tiens à remercier Bastien Fontanille et sa vielle à roue pour les merveilleuses prises de son qui m’ont permis de composer cette pièce. Merci également à Bertrand Dubedout, professeur de composition électroacoustique à Toulouse, qui a nourri en moi la fascination du son sculpté.
[information]Cette création sonore a été réalisée dans le cadre de Faites court!, dont le thème était métamorphose. Ce concours a été organisé conjointement par l’université Rennes 2, l’Université Laval et Le Crachoir de Flaubert, et s’est terminé le 16 février 2015. Maider Martineau a remporté le premier prix du concours du volet création sonore de l’Université Laval.[/information]
Plusieurs métamorphoses opèrent ici de concert. La scordatura mise en scène est celle de l’accordage, où l’instrument modifie la tension de ses cordes à vide. L’électroacoustique tend le microphone à ce qui se fait d’habitude dans l’intimité des coulisses, et la détente apparaît comme un cri. Pour moi, l’électroacoustique, comme processus, permet de faire entendre ce qui d’habitude fait partie du « para-musical ». Le microphone devient un révélateur du caractère musical de l’accordage, ou du moins un premier pas avant le montage et le mixage qui continuent ce processus. De la même façon, la vielle à roue se camoufle derrière les traitements sonores, si bien que l’on ne sait plus qui de la technologie ou de cet instrument est responsable de ce qui paraît « transformé ». Car ce que l’on considère comme étant un son traité n’en est souvent pas un (pour peu que l’on ne considère pas la prise de son comme un traitement), mais sort directement de la vielle à roue. La vielle a donc un caractère « naturellement électroacoustique », c’est tout le paradoxe que je veux souligner ici. C’est enfin une évocation abstraite de la métamorphose des styles, celle de la musique traditionnelle qui rencontre l’électroacoustique, comme une évidence de vitalité.