Ce texte a été écrit dans le cadre du colloque « Portrait de l’artiste en intellectuel: enjeux, dangers, questionnements », qui a eu lieu les 26 et 27 octobre 2012, à l’Université Laval.

 

Il ne suffit pas de décerner des prix. À Saint-Germain-des-Prés, chaque rentrée semble marquée par un scandale littéraire. L’atteinte à la vie privée ((Comme c’était le cas avec les assignations en justice de Christine Angot pour Les Petits (Paris, Flammarion, 2011) et de Régis Jauffret (Sévère, Paris, Seuil, 2010).)) et le plagiat sont les offenses les plus fréquentes, mais certains auteurs accomplissent l’exploit de participer des deux catégories : c’était le cas de Patrick Poivre d’Arvor poursuivi par son ex-petite amie pour avoir publié ses lettres intimes (((2009), Fragments d’une femme perdue, Paris, Grasset.)) et de Marie Darrieussecq, accusée de « plagiat psychique » par Camille Laurens pour son livre Tom est mort (2007) ((Comme les deux auteurs publiaient chez P.O.L., Camille Laurens a cherché refuge aux Éditions Gallimard après que Paul Ochachevsky-Laurens ait pris position en faveur de l’auteur de Truisme.)) .

Trois ans après l’affaire, l’accusée publiait un pavé (Rapport de police) dans lequel elle recense quelques cas d’accusation de plagiat dans l’histoire littéraire. Psychanalyste, Darrieussecq voit dans une telle charge une « tentative de meurtre symbolique, qui réussit parfois ((Marie Darrieussecq (2010), Rapport de police, Paris, P.O.L. (La citation est tirée de la quatrième de couverture.))) ». Pour penser ce qu’elle appelle « le désir d’être plagié » (comme on a le désir d’être aimé), elle se réfère à la psychanalyse : elle parle de « Moi », de cristallisation, de fantasme, de projection paranoïaque, de transfert, de culpabilité et de délire d’identification. Selon elle, le discours du plaignant repose sur une construction qui rappelle la logique paranoïaque de l’attaque et de la défense. Darrieussecq insiste sur le fait que l’accusation de plagiat ne se comprend qu’en lien avec la vision que nous avons de la littérature et de son lien au sacré, ce pourquoi il convient de la situer dans l’histoire littéraire.

Si l’on étend les termes de la réflexion de Marie Darrieussecq au scandale littéraire, on s’aperçoit que ce n’est pas seulement l’accusation de plagiat, mais tout scandale littéraire qui met en scène la profanation de la Littérature telle qu’on s’en fait un idéal d’originalité ou d’humanisme. Qu’on porte atteinte à la vie privée ou aux bonnes mœurs, qu’on ait volé un texte ou qu’on l’ait pillé, l’intégrité d’un objet sacré, la Littérature, a été attaquée.

Il importe de comprendre que c’est parce qu’on a le sentiment que la littérature est attaquée que le scandale prend place sur la scène littéraire, que le plaignant et l’accusé appellent le jugement d’un public qui partage une certaine conception de la littérature. Journalistes, écrivains, lecteurs, éditeurs doivent ainsi se prononcer sur la nature et la portée du crime commis. Quantité d’articles sont publiés dans lesquels on s’interroge sur le bien-fondé d’une sanction, la plus grave étant de retirer le livre fautif du circuit de la publication. Paradoxalement, l’écriture du livre scandaleux se poursuit au-delà de sa sortie de l’imprimerie, dans le discours que cette publication suscite. Voilà pourquoi il ne suffit pas de dire qu’il s’agit d’un délire paranoïaque ayant la Littérature pour objet : le scandale littéraire est également un passage à l’acte (acting out), un transfert de pulsions qui se joue (et se rejoue) dans la publication. Cette forme ultime de praxis littéraire nous entraîne en territoire borderline. Il importe, en effet, de rappeler que l’écrivain scandaleux n’est pas « engagé ». D’un point de vue clinique, c’est son imaginaire qui envahit l’espace de la réalité.

Délire paranoïaque, passage à l’acte : s’agit-il de folie ou d’un usage douteux de la fiction dans la sphère publique? Avec le scandale littéraire, on a l’impression que la ligne de séparation entre la fiction et la réalité a été franchie. À moins que ce ne soit qu’une forme de folie passagère dont seraient atteints, parfois, certains écrivains? C’est la question, le doute et l’inquiétude que le scandale de cette Rentrée littéraire a ravivés.

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À la fin de l’été 2012, Pierre-Guillaume de Roux, fils de Dominique de Roux (fondateur des Cahiers de l’Herne), a effectué le dépôt légal à la Bibliothèque nationale de France de Langue fantôme suivi de Éloge littéraire de Anders Breivik, un essai en deux parties signéRichard Millet ((Richard Millet (2012), Langue fantôme suivi d’Éloge littéraire d’Anders Breivik, Paris, Pierre-Guillaume de Roux. Désormais, les renvois à cette édition seront signalés, dans le corps du texte, par la seule mention du numéro de la page entre parenthèses.)) .

La presse présente Richard Millet comme un auteur de romans à la beauté grave (première période) qui s’est muté en un pamphlétaire xénophobe (deuxième période) dont la dérive idéologique s’aggrave lors de chaque publication. On insiste toujours sur le fait qu’il est éditeur chez Gallimard qu’on aime appeler « le ministère de littérature française », où il s’est gagné le surnom de « faiseur de Goncourt » grâce aux prix décrochés par les premiers romans de Jonathan Littell (2009) et d’Alexis Jenni (2011), tous deux publiés dans la mythique collection blanche. Si on ajoute à cela le fait que Richard Millet était membre du « très sélect » Comité de lecture, c’est peu dire que l’auteur de l’Éloge littéraire de Anders Breivik occupe une position importante dans le monde littéraire germanopratin.

Quant à Anders Breivik, il a publié 1500 pages (sur le Web) dans lesquelles il vilipendait la montée de l’Islam, le féminisme et les politiques multi-culturalistes de Norvège et d’Europe avant de provoquer la mort de soixante-dix-sept personnes à l’été 2011, une tuerie pour laquelle il a été condamné à vingt-et-un ans de prison le 24 août dernier. (On se rappellera que huit personnes sont décédées des suites d’une bombe posée dans le quartier des ministères et que soixante-neuf autres ont été fusillées sur l’île d’Utoya où était rassemblée l’aile jeunesse du parti travailliste.) Anders Breivik a été diagnostiqué schizophrène paranoïaque avant qu’une contre-expertise l’ait finalement déclaré criminellement responsable. On précise toutefois qu’il souffre d’un trouble de personnalité narcissique (manque d’empathie, idées grandioses et besoin excessif d’être admiré).

L’Éloge littéraire de Anders Breivik suit un texte plus substantiel, Langue fantôme, dont il est le complément et, comprend-on, l’illustration. Dans cet « essai sur la paupérisation de la langue », comme le veut le sous-titre, il est question de l’appauvrissement de la langue, de la dévalorisation du style et de la fin de la Littérature que Richard Millet relie au délitement de la suprématie blanche. (Ici, on parle de la « race » et non de la collection.) En effet, « les mots “littérature”, “écrivain”, “roman”, “auteur” », que Millet entend dans « leur plus haute acception » ont été dégradés, dégénérés par ce qu’il appelle « le romanesque international », cette « littérature-monde » qui semble écrite pour être traduite. Dans ce libre-échange romanesque, la littérature comme valeur n’a plus cours. Et la langue nationale, la langue française, est réduite, « paupérisée », à l’état de fantôme. « Métissé », « le roman est devenu […] un tas d’ordures par appauvrissement linguistique et mimétisme international » (31). « La littérature », écrit-il « parle souvent petit-nègre » (39). « Elle se tiers-mondise » (39), sous le coup de « cette forme de guerre civile qu’est le multiculturalisme » (42) et d’un « gauchisme relooké en altermondialisme » (48). Richard Millet en veut pour preuve les œuvres nobélisées de Vargas Llosa et de Le Clézio, qu’il juge « insignifiantes » puisque consensuelles, ce que Millet trouve d’autant plus choquant que la somme associée au prix (un million de dollars) est considérable. Voilà pourquoi nous vivons selon lui dans un monde aux valeurs « falsifiées », un « mouroir » dont la tuerie d’Utoya serait « le symptôme ».

Si l’on exclut le thème de l’immigration, l’idéation de Richard Millet suit un vecteur : celui de la littérature comme valeur. Dans sa vision du monde, en effet, les valeurs sont renversées. La littérature est « dégénérée », le roman se perd dans ses « copies », la transcendance est laïcisée, le sens est épuisé, les signes sont mensongers, le politiquement correct est surestimé, les « vieilles idoles chrétiennes » sont mises à bas, l’éthique démocratique est une « religion d’État », l’héritage européen est refusé, etc. Il est question de « mystification », de « dépréciation », de « faillite », de « leurre ». Selon Richard Millet, « la guerre du faux [a eu] lieu et [a été] remportée par le faux » (24). Le crime de l’homme moderne serait d’être obnubilé par une quête de reconnaissance et de prestige alors que l’écrivain, le vrai, le grand écrivain ferait vœu de pauvreté. En fait, on pourrait dire que c’est tout l’édifice symbolique que Richard Millet voit s’effondrer, l’ensemble des codes, des institutions et des représentations que nous nous donnons pour nous comprendre et vivre ensemble. La justice, les médias, la politique, l’école, la langue, la culture et, bien sûr, la littérature : tous les symboles d’autorité ont été corrompus aux dires de Millet, qui écrit : « L’impensable étant, pour nous, écrivains véritables, la mort de la langue, en France et dans le monde, laquelle fait de l’écrivain un homme qui chante dans les ténèbres de l’ordure » (32).

C’est afin de rétablir la Littérature comme valeur que se construit un « Moi » vengeur, guerrier, justicier, un « Moi » ne reconnaissant plus la loi des hommes et qui fera entendre sa vérité. Le trouble vient de ce que cette vérité s’apparente à celle de ce qu’on pourrait appeler la parole écrivaine : une défense de la littérature par un écrivain conscient de son autorité. Si on s’en tenait à une parole écrivaine s’attachant au crépuscule de la littérature comme c’était le cas dans Le sentiment de la langue (un essai qui a été primé par l’Académie française), si Millet s’arrêtait là, à la littérature comme lieu de résistance à la vérité des vivants, comme parole anachronique et belle, on ne pourrait parler de folie écrivaine. Mais quand cette parole écrivaine invite Anders Breivik dans la confrérie, quand le « nous, écrivains » inclut le tueur en qui Millet voit « un écrivain par défaut », alors oui, un glissement se produit, rendu possible par le fait que Millet assimile les valeurs racistes de Breivik à la Littérature. Je cite Langue fantôme : « Le rapport entre la littérature et l’immigration peut sembler sans fondement; il est en réalité central » (70). La folie de cette phrase serait savoureuse si elle n’était pas dangereuse. Elle explique cependant le fait que Millet trouve le prix Nobel surévalué puisque le prix consacre des valeurs humanistes alors que Breivik, au contraire de Le Clézio, par exemple, défend la pureté de la race aryenne, soit (la métonymie est vertigineuse) la littérature européenne.

Dans Éloge littéraire » d’Anders Breivik, le « Moi » de Millet semble se retrouver dans le profil du criminel. La principale distance qu’il prend avec son sujet (mais elle demeure cohérente avec sa posture d’éditeur et la fonction d’écrivain qu’il assigne à Breivik) consiste à exercer sur lui son regard de conseiller littéraire. Si un réalisateur devait faire un film de la tuerie, dit-il, il faudrait « en remanier la fin » (112).) Aussi on dira qu’il s’agit plutôt que d’un éloge, d’un portrait tant le texte s’attache à dépeindre la figure du tueur. Oui, Millet émet quelques jugements de valeur (c’est son modus operandi), mais il s’emploie surtout à faire de Breivik un personnage, un héros dont il retrace l’histoire familiale, les motivations et la vision du monde. En usant de procédés narratifs, Richard Millet romance la vie de Breivik. Et c’est ainsi que l’art poétique est mis au service de l’idéation raciste dans un délire d’identification.

Ce qui est le plus troublant, d’un point de vue psychique (et narratif), c’est que l’auteur fait du tireur son alter ego. Si Flaubert a pu dire : « Madame Bovary, c’est moi », le lecteur ressent quelque malaise à comprendre que Richard Millet, c’est Anders Breivik. Ce qu’il dit de Breivik, Millet pourrait le dire de lui-même. Les descriptions concordent : Breivik ne porte pas de piercing, de tatouages, de dreadlocks, de cheveux ras « ni de ces ridicules vêtements ethniques », « il est hétérosexuel », nous dit Millet qui se présentait lui-même à l’émission d’Alain Finkielkraut comme un « Français de souche, catholique, hétérosexuel, hanté par la question nationale ». De même, les deux partagent un même filtre : celui d’un homme « sain d’esprit et responsable » (105) dont on aurait mal lu les écrits. En effet, Richard Millet est d’avis que le manifeste du tueur « ne saurait se résumer à un violent refus du multiculturalisme (106). (C’est d’ailleurs la ligne de défense qu’adoptera son éditeur à propos de cet Éloge littéraire d’Anders Breivik.) Par ailleurs, Millet se montre sensible à la fragilité de Breivik, « un enfant de la ruine familiale », « un enfant de divorcés », un « enfant perdu ». Comme lui, Breivik serait « le soldat perdu d’une guerre qui ne dit pas son nom » (110). Telle que Millet l’utilise, la focalisation table sur la projection du lecteur en faisant du tueur la victime héroïque des actes qu’il a commis ((Dans le regard de Millet, le tueur est la victime de « la conversion de l’individu en petit-bourgeois métissé, mondialisé, inculte, social-démocrate – soit le genre de personnes que Breivik a tirées » (109).)) . Bref, les éléments d’un délire paranoïaque et raciste sont rendus inhumains par l’utilisation perverse des outils de la fiction.

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La polémique entourant la publication de cet Éloge littéraire d’Anders Breivik s’est inscrite dans l’imaginaire de l’écrivain, dont les principaux éléments sont une vision magnifiée de la littérature, de la figure du guerrier solitaire et, surtout, de la volatilité des valeurs dans le monde occidental moderne. Dans la polémique, la position de Richard Millet, sa valeur dans le champ littéraire, a été un enjeu plus amplement commenté que la nature inhumaine de ses propos. Enfin, pour être plus juste, on dira que le fait que ces propos aient été énoncés par quelqu’un occupant une telle position, a été l’élément le plus choquant. Lui dont le métier consiste à juger de la valeur des textes, il encenserait « la perfection formelle » d’une tuerie? À l’obsession de Millet pour la circulation de fausses valeurs dans l’espace contemporain, le milieu littéraire a donc répondu par la mise en question de son prestige dans le monde de l’édition germanopratin, faisant de son renvoi de Gallimard le véritable enjeu de ce scandale.

Dans l’édition du 10 septembre 2012 du journal Le Monde, Annie Ernaux (auteure de la maison Gallimard) a publié une lettre à laquelle cent vingt écrivains ont ajouté leur signature ((Annie Ernaux (10 septembre 2012), « Le pamphlet fasciste de Richard Millet déshonore la littérature », Le Monde.)) , ce que Richard Millet a éprouvé comme une attaque en règle contre son « intégrité » professionnelle. Deux jours plus tard, il publiait dans le journal L’Express une tribune intitulée « Pourquoi me tuez-vous? » dans laquelle il se veut rassurant en se disant « conscient que c’est la littérature qu’on vise à travers [sa] propre personne ((Richard Millet (12 septembre 2012), « Pourquoi me tuez-vous ? », L’Express.)) ». Encore deux jours plus tard et l’affaire s’est conclue comme on s’y attendait : Richard Millet ne siègera plus sur le prestigieux comité de lecture des éditions Gallimard, mais il continuera d’exercer son travail de conseiller éditorial auprès des écrivains dont il avait la charge. J’aimerais insister sur le fait qu’il n’est pas innocent que ce soit par une sanction dite « symbolique » que se soit terminée l’affaire Millet.

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Outre Annie Ernaux et ses cosignataires, plusieurs écrivains ont pris la parole dans cette affaire : Le Clézio (épinglé dans l’essai de Millet) et Tahar Ben Jelloun (autre écrivain publié chez Gallimard), Pierre Nora (qui siège, lui aussi, sur le comité de lecture et qui n’a pas apprécié que Millet se réclame de son amitié), Pierre Assouline ainsi qu’Olivier Rohe et Arnaud Bertina. Tous se sont montrés sensibles à l’horreur des propos, bien sûr, et mais aussi, et surtout, à la question de la vérité : vérité de la parole écrivaine et apparence de vérité dont se pare le discours de Richard Millet. Bertina et Rohe parlent de construction d’un fantasme minoritaire ((Arnaud Bertina et Oliver Rohe (4 septembre 2012), « Richard Millet dans le RER »,  Bibliobs.)) . Pierre Nora parlera de « foucades délirantes ((Pierre Nora (11 septembre 2012), « ‘Nous voilà dans un piège’, Pierre Nora réagit à l’affaire Richard Millet », Le Monde.)) ». De même, Jean Marie Le Clézio et Pierre Assouline n’ont pas manqué de relever la part de fiction dans le livre et la posture de Richard Millet. Pour l’un, Richard Millet avait déjà publié une « apologie imaginaire de la violence des Phalanges au Liban » ((J.M.G. Le Clézio (5 septembre 2012), « La lugubre élucubration de Richard Millet », BiblioObs.)) . Pour l’autre, cette folie se révèle dans la construction de son personnage d’« éternel exclu des médias [ce qui est faux] ((Pierre Assouline (29 août 2012), « Les déclarations de guerre de Richard Millet », Le Monde.)) ». Annie Ernaux insiste, elle aussi, pour corriger la représentation que donne l’écrivain de lui-même : « Millet n’est pas un martyr, c’est un homme de pouvoir ((Citée par Aude Lancelin (15 septembre 2012), « Richard Millet, tragédien et martyr », Marianne.)) ».

Dans ce colloque où nous sommes amenés à dessiner un portrait de l’artiste comme intellectuel, l’affaire Millet fait apparaître la facilité avec laquelle un écrivain réputé sain d’esprit peut basculer du côté de l’apologie meurtrière. On a cru de Richard Millet que c’était un écrivain, qu’il avait une maîtrise de la langue (comme tous les commentateurs l’ont relevé) et une pensée de la littérature dont témoignaient ses références à Barthes, Bataille, Blanchot et Baudrillard. L’apparence de parole que la folie écrivaine se donne dans l’affaire Millet soulève la question de l’autorité de l’écrivain. En l’excluant du comité de lecture, Gallimard a consacré le fait que Millet avait perdu son jugement. Quand bien même il nous est impossible de le croire, comme le soulevait Le Clézio, Richard Millet a toujours le sentiment de sa propre autorité. Si chaque écrivain a sa vérité, vérité tortueuse, inconvenante, noyau noir qui le fait écrire, une vérité que personne ne peut lui enlever, cette affaire doit nous amener à nous interroger sur le rapport que nous entretenons, « nous, écrivains », à notre vérité, autorité, parole et folie.