au monde, il y a le printemps qui se faufile à travers le bitume, qui fêle la terre pour en faire un casse-tête / les enfants collectionnent les bourgeons qu’échappent les doigts étiolés / dans l’été, il y a les ombres et les bruits de la nuit qui me font sentinelle du zodiac, il y a les nuages qui pourchassent les avions et les ballons qu’on échappe d’un geste maladroit / dans le ciel il y a la musique qu’on entend quand tout le reste se tait, les oiseaux migrateurs qui annoncent la fin ou le renouveau et tous ceux qui se sont déjà tus / dans l’obscurité il y a ce souffle tiède dans mon cou qui m’empêche souvent de dormir et le vent qui siffle à ma fenêtre sans jamais me révéler son secret / combien de temps reste-t-il, combien de récoltes de fraises et combien d’orages pourrons-nous contempler / dans le monde, il y a trop de plages pour en faire des sabliers / rien de ce qui compte vraiment ne peut être compté

Poème inspiré par Antoine Dumas, Au monde : inventaire, Montréal, les éditions du passage, 2015.