À H.
le désordre assumé
sur ton lit de chevet
un livre couché
contre ta joue
une orange à moitié nue
une goutte d’eau sucrée sort de ta bouche
n’arrête pas de parler
une lente lumière
dépose entre tes doigts
alanguis
une plume détrempée
que nous reste-t-il à écrire
sous nos soleils trop blêmes
pourtant
tout illuminait nos langues
éblouies
il y a des siècles
et des siècles
tes élans immobiles
soutiennent nos paroles
lestes
nos bouches se balancent
au vent
désemparé de nous voir crier
dans le vide
ma main s’assoupit
dans ton cou
courbé vers moi
peu à peu
tu disparais de ma vue
nos visages se retirent du monde
un brouillard à genoux
des teintes silencieuses
la grâce d’une aube
regardons un Monet
avant de perdre le contour
de nos peaux