Le mot ruisseau
Un père emmène son enfant à la pêche. Ils y vont à pied, derrière la grange. C’est le soir et le père franchit la clôture à la limite du monde : il traverse du côté sauvage des choses. Ils vont vers ce bassin profond et poissonneux, dont les eaux se perdent sous les racines d’un arbre, au pied d’une grosse pierre. Pour s’y rendre, il faut traverser les aulnes mangés par le crépuscule. Le jour n’ose s’y aventurer, peut-être par crainte d’être retenu par les tiges noueuses. Une clarté souterraine y règne. Étrangement, on s’y sent chez soi.