Geneviève et Marie-Ève marchent pendant des heures dans les rues de Québec. Sans se le confier, elles ressentent la même envie de rester main dans la main, d’entrer dans un magasin pour ne rien acheter, de lire les menus des restaurants pour commenter les plats.

Marie-Ève a désiré cet instant avec Geneviève. Après leur nuit d’amour d’il y a quelques mois, elle avait repassé incessamment dans sa tête des bribes de leurs conversations, elle en déchiffrait de nouveaux sens.

Geneviève admire Marie-Ève, voudrait comprendre chaque détail de son être.

Leur instant évolue dans une lente séquence de pas, un nez qui s’approche de la peau pour capter une fragrance de sueur et de gingembre, l’exclamation ponctuelle de phrases évoquant d’anciens souvenirs communs, des mains effleurant cou, épaules et bras, avant de se retrouver et s’éteindre fortement.

Geneviève observe Marie-Ève. Son cerveau enregistre une silhouette aux mouvements saccadés, un menton se dirigeant vers l’avant pendant que les épaules se tiennent courbées vers le bas. De son corps surgit un flux de tourments et de questionnements.

Marie-Ève dévisage aussi Geneviève, mémorise une vague se déplaçant nonchalamment un peu à droite et un peu à gauche, des cheveux et des yeux qui semblent changer de couleur au gré de la lumière, et une démarche lente s’arrêtant de manière inattendue, avant de reprendre sa marche au son d’une exclamation riante.

Les deux amies gravent en elles l’immédiate identité de l’autre, leurs mains ne cessent de se serrer, les épaules de se frôler, et leurs pas cheminent vers un but inexistant.

[La suite, bientôt… à la trace 8 !]