David Bélanger

À propos David Bélanger

Après une maîtrise en études littéraires à l’Université Laval, David Bélanger passe dans la grande ville pour la grande chose : le doctorat, à l’Université du Québec à Montréal. Il compte y observer la littérature contemporaine québécoise. Il a publié, entre autres, dans Voix plurielles, Chameau, Le Crachoir de Flaubert, Mémoires du livre, et s’acquitte, chaque année, de quelques comptes rendus dans Liaison et Québec français.

Les conseils du Grandécrivain

Par |2013-11-11T15:41:00-05:0018 novembre, 2013|Comptes rendus|

Pour Laferrière, la littérature est une promenade dans les champs qui demande de s’adapter aux vieillards cardiaques comme aux marathoniens aguerris. Or ces promenades-là amusent davantage les vieillards cardiaques que les marathoniens, d’habitude, mais ce n’est pas plus mal puisque les premiers, force est de l’avouer, sont plus nombreux que les seconds. Ses réflexions les plus enrichissantes, il les sert au sujet de la lecture. On sent que dort là quelque polémique – ils sont nombreux ces écrivains qui se drapent dans une sorte de virginité, promettant à demi-mot qu’ils ne lisent rien lorsqu’ils écrivent, comme si dans le lit de la littérature, on était condamné à une seule position à la fois.

La possibilité de Julia

Par |2016-12-21T15:01:58-05:0012 juillet, 2012|Cabinet des idées reçues, Dossiers thématiques, Nouvelles, Nuit de la création, Textes de creation|

Julia ne dort jamais. Son sommeil, le plus souvent, est troué de morts subites. Il est avéré qu’on ne peut trouver le repos lorsqu’on meurt trop souvent. Les cours la découvraient exsangue et un peu noircie du regard, on aurait dit que le créateur l’avait dessinée au fusain, sauf que personne ne croyait au créateur, ce qui nuit beaucoup à la métaphore.

Une histoire à thèse (théâtre pour la page)

Par |2012-02-20T13:08:21-05:001 décembre, 2011|Textes de creation, Théâtre|

Vraiment, il faut que je vous mentionne, il y a des étudiants dans les rues avec des pancartes. Le contraste, sans doute, frappe l’imaginaire : je suis assis en train d’écrire, les lèvres à peine décrochées d’une tasse et eux, cheptel estudiantin, ils s’époumonent, «L’UQÀM en grève», «GRATUITÉ», «ETCETERA», des trucs dans le genre, alors que moi, je dis, je me contente de dire : je vais vous raconter une histoire à thèse. Ou même, j’ajoute pour la précision : je vais vous proposer une thèse, vous en ferez ce que vous voudrez.

Balzac m’a dit que l’enseignement de la création est impossible ou petit brûlot polémique sur la création et la société

Par |2011-09-06T08:21:36-05:0024 juin, 2011|Création littéraire, Textes de reflexion|

Il y a quelques jours, je discutais avec Balzac – c’est moi cette lectrice à la main blanche dans un moelleux fauteuil –, et nous nous mîmes à épiloguer naïvement sur la notion de CRÉATION. Il me proposait deux idées contraires tout en m’intimant de les comprendre, d’en saisir la cohérence interne. De comprendre que pour lui, ô Balzac, créer, c’est tout sauf enseigner.

Vieille dame descendant un escalier

Par |2011-04-11T10:25:51-05:0011 avril, 2011|Nouvelles, Textes de creation|

Mais elle a chuté dans l’escalier, deux étages exactement. On aura beau objecter, dévoiler un fatras de «si», c’est avéré, une femme qui dévale autant de paliers, avec l’âge sur le dos, ça fait partie d’une histoire, indélébile élément qu’on ne peut pas mettre sous le tapis – sauf si bien sûr le concierge avait eu la délicate déraison de tirer la moquette du porche sur le visage érayé de madame, mais passons – et puis ça fait un de ces fracas, on a beau dire que l’heure creuse c’est l’heure creuse, n’empêche, on entend le fémur lorsqu’il cogne contre la marche puis contre le mur de brique et enfin sur le plancher – idem pour le crâne, mais un bruit sourd cette fois, alourdi dirait-on, autre chose que le craquement sec de la hanche, quasi-tintement, cymbale.