Textes de creation

Aïeules lunaires

Par |2019-03-05T01:13:19-05:0026 avril, 2018|Concours, Dossiers thématiques, Nouvelles, Reliures, Textes de creation|

Le jeu brûle dans la poubelle du sous-sol. Le Ouija me promettait de contacter les esprits, mais la planchette n’a jamais bougé. Par précaution, je m’en suis débarrassé de la façon recommandée. Je me suis ruinée en eau bénite et j’ai failli perdre un doigt en découpant la planche en sept morceaux, mais au moins, je sais qu’aucun démon ne peut me suivre.

La chasse aux papillons

Par |2019-03-05T01:13:25-05:0026 avril, 2018|Concours, Dossiers thématiques, Essai, Récit, Reliures, Textes de creation|

Je suis la deuxième d’une famille de quatre filles: même regard sombre, même sourire lumineux, même drôles de mimiques. Quatre poupées russes que l’on peut emboîter puis déboîter à sa guise. Si je vois pour la première fois quelqu’un qui connaît l’une de mes sœurs, il s’exclame immanquablement : « C’est incroyable, tu lui ressembles tel-le-ment, vous êtes des copies conformes! » Il reconnaît alors chez moi quelque chose qui lui est familier. Comme si mon visage portait la trace d’émotions, d’expressions et de rencontres qui ne sont pas les miennes.

Petite séance de révision avant les examens de fin d’année

Par |2018-03-07T09:37:13-05:007 mars, 2018|En résidence, Nicholas Giguère, Récit, Textes de creation|

ça fait que je passais les récréations les heures de lunch les soirs de semaine et même les fins de semaine à étudier et à faire des devoirs ma mère avait arrêté de faire mes leçons avec moi en secondaire 3 ou 4 elle était vraiment écoeurée je la comprends elle voulait plus de temps pour écouter ses téléromans j’étudiais tout le temps j’étudiais jusqu’à en devenir malade pour un examen je pouvais mettre 10 20 heures parfois plus je faisais des maths au moins une à deux heures par jour et c’était sans compter le reste j’étudiais même la théorie en catéchèse en f.p.s. en choix de carrière en éducation physique j’apprenais la grammaire sur le bout de mes doigts je mémorisais toutes les dates en histoire j’y mettais autant d’ardeur que pour les trucs à Mortal Kombat

L’apprentissage de la haine

Par |2018-01-12T16:43:24-05:003 janvier, 2018|En résidence, Nicholas Giguère, Récit, Textes de creation|

de toutes les personnes que j’ai connues de tous les morons pas de classe que j’ai eu l’insigne honneur de rencontrer dans ma vie tu es de loin celui que j’ai le plus détesté je t’ai tellement haï si tu savais encore aujourd’hui j’écris ces lignes et la haine me revient implacable indélogeable tu m’as appris la haine gratuite libératrice celle qu’on dirige vers autrui pour la simple et bonne raison qu’il a croisé notre route qu’il se trouve sur notre chemin et que nous l’avons pris pour cible toutes les raisons sont bonnes pour haïr

Hymne à la beauté du monde

Par |2017-12-05T04:36:44-05:006 décembre, 2017|En résidence, Nicholas Giguère, Récit, Textes de creation|

pour moi c’était impossible d’être insouciant comme toi toutes les insultes les noms les osties de noms criés à tue-tête me lacéraient la peau me déchiraient les entrailles me tuaient à petit feu doucement très doucement comme on martyrise lentement un prisonnier de guerre pour lui soutirer des informations doucement en y prenant un certain plaisir pour ne pas dire un plaisir certain doucement tout doucement une mort des plus douces tranquilles comme chez Simone de Beauvoir à 33 ans je suis bel et bien vivant du dehors mais mort par en dedans complètement mort

Chercher le dauphin à lunettes

Par |2017-11-15T08:53:54-05:0015 novembre, 2017|Nouvelles, Textes de creation|

C'est un jeudi matin très tôt. Je termine un café, assise dans la salle d’attente de l’hôpital. J’y suis pour la seconde fois cette semaine. Ce sera également la dernière puisque c’est le jour de l’intervention. On rencontre d’abord la travailleuse sociale qui nous bombarde de question sur nos intentions. Vient ensuite la série d’examens. J’ai demandé à voir ce qui se cache dans mon ventre. Une petite ligne blanche sur fond graphique. Minuscule. Presque rien.