personne n’avait encore commenté mon teint terne mes cernes de fatigue ma graisse et mes muscles fondus personne ne s’était inquiété de ce corps qui se laissait pourrir petit à petit peut-être la maigreur n’apparaissait-elle que sur les photos peut-être ce corps se putréfiait-il trop lentement pour que le changement soit visible à l’œil nu peut-être aurait-il fallu que l’autodestruction s’opère de manière plus drastique

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il n’y a jamais eu de cicatrices ni d’ecchymoses rien à cacher ou à maquiller la détérioration s’est toujours faite out in the open et la perte de poids et nos engueulades il y a toujours eu quelqu’un pour entendre les insultes que tu me crachais au visage des parents des amis des inconnus dans la rue dans les bars toujours eu quelqu’un d’autre que moi pour voir le danger l’ignorer

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impossible de faire confiance ni au regard des autres ni au mien la vérité n’apparaît qu’à retardement à l’écran sur les photos dans l’écriture je m’en veux d’avoir supprimé autant d’images de nous je voudrais ne pas avoir à écrire mes souvenirs pour atteindre le réel je voudrais ne pas écrire comme si je pensais encore à toi comme si le sujet du texte c’était toi

NOTE

La création de cette œuvre a été rendue possible grâce à l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec.