Récit

Onze décembre 2007

Par |2018-07-23T13:50:18-05:0025 juillet, 2018|Nouvelles, Récit, Textes de création|

Ta mère insistait pour que tu te soignes, ton père, miroir de ta déchéance, te répétait tes qualités : faible, malade, incompétent. Tu espérais un support, j'avais ça en stock. Je me trouvais là, ça aurait pu être n’importe qui. Tu la voulais, elle. La baiser, elle. Moi? Je t’offrais ta dose quotidienne d’antidépresseur.

La chasse aux papillons

Par |2019-03-05T01:13:25-05:0026 avril, 2018|Concours, Dossiers thématiques, Essai, Récit, Reliures, Textes de création|

Je suis la deuxième d’une famille de quatre filles: même regard sombre, même sourire lumineux, même drôles de mimiques. Quatre poupées russes que l’on peut emboîter puis déboîter à sa guise. Si je vois pour la première fois quelqu’un qui connaît l’une de mes sœurs, il s’exclame immanquablement : « C’est incroyable, tu lui ressembles tel-le-ment, vous êtes des copies conformes! » Il reconnaît alors chez moi quelque chose qui lui est familier. Comme si mon visage portait la trace d’émotions, d’expressions et de rencontres qui ne sont pas les miennes.

Petite séance de révision avant les examens de fin d’année

Par |2018-03-07T09:37:13-05:007 mars, 2018|En résidence, Nicholas Giguère, Récit, Textes de création|

ça fait que je passais les récréations les heures de lunch les soirs de semaine et même les fins de semaine à étudier et à faire des devoirs ma mère avait arrêté de faire mes leçons avec moi en secondaire 3 ou 4 elle était vraiment écoeurée je la comprends elle voulait plus de temps pour écouter ses téléromans j’étudiais tout le temps j’étudiais jusqu’à en devenir malade pour un examen je pouvais mettre 10 20 heures parfois plus je faisais des maths au moins une à deux heures par jour et c’était sans compter le reste j’étudiais même la théorie en catéchèse en f.p.s. en choix de carrière en éducation physique j’apprenais la grammaire sur le bout de mes doigts je mémorisais toutes les dates en histoire j’y mettais autant d’ardeur que pour les trucs à Mortal Kombat

L’apprentissage de la haine

Par |2018-01-12T16:43:24-05:003 janvier, 2018|En résidence, Nicholas Giguère, Récit, Textes de création|

de toutes les personnes que j’ai connues de tous les morons pas de classe que j’ai eu l’insigne honneur de rencontrer dans ma vie tu es de loin celui que j’ai le plus détesté je t’ai tellement haï si tu savais encore aujourd’hui j’écris ces lignes et la haine me revient implacable indélogeable tu m’as appris la haine gratuite libératrice celle qu’on dirige vers autrui pour la simple et bonne raison qu’il a croisé notre route qu’il se trouve sur notre chemin et que nous l’avons pris pour cible toutes les raisons sont bonnes pour haïr

Hymne à la beauté du monde

Par |2017-12-05T04:36:44-05:006 décembre, 2017|En résidence, Nicholas Giguère, Récit, Textes de création|

pour moi c’était impossible d’être insouciant comme toi toutes les insultes les noms les osties de noms criés à tue-tête me lacéraient la peau me déchiraient les entrailles me tuaient à petit feu doucement très doucement comme on martyrise lentement un prisonnier de guerre pour lui soutirer des informations doucement en y prenant un certain plaisir pour ne pas dire un plaisir certain doucement tout doucement une mort des plus douces tranquilles comme chez Simone de Beauvoir à 33 ans je suis bel et bien vivant du dehors mais mort par en dedans complètement mort

Comment dresser un bilan en quelques minutes : mode d’emploi

Par |2017-11-02T08:13:59-05:001 novembre, 2017|En résidence, Nicholas Giguère, Récit, Textes de création|

je publie des extraits de ce « roman » et les guillemets sont importants parce que j’écris pas des romans de la poésie du théâtre c’est tout ça à la fois je fais dans le non-genre j’écris tout-et-rien surtout rien je pense mais j’espère quand même que c’est quelque chose ce « roman » où je m’adresse à vous tous et toutes gars et filles du secondaire faut quand même être rancunier odieux ou tout simplement sadomaso j’aime à penser que c’est les trois je suis l’homme avec beaucoup de qualités revenir sur ces années que j’ai toujours préféré oublier mais non je gratte le bobo j’enlève la gale je fais sortir le pus le sang ça jute partout si j’étais fort sur les clichés mais c’est peut-être le cas