Textes de réflexion

Si la solitude se boit, l’absinthe se déguste

Par |2016-12-21T15:13:18-05:0020 mars, 2013|Cours de création littéraire, Création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Textes de réflexion|

La solitude littéraire fascine. En dépit du fait que le concept du « besoin de solitude » ne soit pas exclusif au domaine littéraire, la solitude littéraire, elle, s’enveloppe d’une aura mystique. Il semble que, contrairement à la solitude pragmatique du chercheur en neurobiologie absoute à grands coups de c’est normal qu’il soit seul, il faut qu’il se concentre, bon sang!, la solitude littéraire a ceci d’incompréhensible que l’écrivain, lui, ne se concentre pas; il cherche l’inspiration.

L’acte poétique: un geste d’intellectuel

Par |2016-12-21T15:19:06-05:0011 mars, 2013|Colloque, Création littéraire, Dossiers thématiques, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

Avant toute chose, j’aimerais apporter quelques considérations générales sur la thèse en recherche-création, celle-ci s’imbriquant naturellement au thème du colloque. Au fil des ans, cette thèse a pris sa place grâce à la ténacité de ceux qui ont cru à la valeur scientifique d’une pratique dont les multiples avenues révèlent un caractère bien singulier. Les professeurs-chercheurs impliqués dans ce programme universitaire relativement jeune ont balisé un terrain à l’intérieur duquel une question parvient tout de même à resurgir maintes fois : de quelles natures doivent être les liens entre la création et l’essai? Langages conceptuels et langages métaphoriques s’entrecroisent mais encore faut-il que cette cohabitation devienne opérationnelle. Voilà un enjeu fondamental. Et, dans l’essai, comment intellectualiser le travail de création qui est, en soi, un ouvrage intellectuel? Il n’y a pas de réponse simple et unique.

Spectre et construction dramaturgique : sur l’expérience du regard dans Présence, installation vidéographique

Par |2013-03-04T07:51:35-05:004 mars, 2013|Installation, Textes de réflexion|

Un mariage entre le point de vue cinématographique unique et le point de vue sélectif propre au médium théâtral est venu induire l'expérience de réception du spectateur. Qu'on nous permette ici de rappeler brièvement le dispositif de Présence : quatre écrans, disposés face au spectateur, devaient projeter le visage d'une interprète qui questionnait, mettait en doute et parfois ignorait une présence placée devant elle (et donc dans le hors-champ de l'image). Ainsi, pour le projet, quatre actrices, choisies en fonction de l'importance du corps dans leur démarche artistique, ont été amenées à jouer une partition textuelle comblée par une multitude de silences et de jeux de regards.

Houellebecq artiste penseur

Par |2016-12-21T15:19:14-05:0027 février, 2013|Colloque, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

Il serait juste de qualifier le monde de Houellebecq de « [b]ourse des corps » en empruntant l’expression à Pascal Bruckner dans Le Paradoxe amoureux. Cette bourse trace une hiérarchie sociale dans le fourmillant système du sexe. Et, pareillement à la bourse d’argent, il y a de gros joueurs et de grands risques, des potentiels modestes ou monstrueux, des cotes promues, déchues, des chutes d’indice, progressives ou dramatiques. Des envolées vertigineuses, de bonne fortune ou de travail ardu. Des hasards, des krachs. Mais aussi des retraits et des ventes, des reculs. Des joueurs prudents, des défections, des faillites. Des démissions, des dépressions et des suicides.

Je suis écrivain. Je suis professeur.

Par |2013-02-25T10:44:34-05:0025 février, 2013|Création littéraire, Textes de réflexion|

Je ne suis pas attiré par le roman à thèse, à contrainte, oulipien ou autre, à idée, scolaire, théorique, doctrinaire, religieux, argumentatif, essayistique… Je ne suis pas de ce côté des choses, ce qui n’empêche personne d’y trouver son plaisir. Je ne suis pas davantage intéressé par le roman sirupeux, moelleux, dégoulinant, à l’eau de rose ou de violette, faussement historique ou historiquement faux, narcissique, ésotérique, érotique, touristique, pleurnichard, revanchard ou adulatoire, mais reconnais le droit de quiconque de s’en délecter. J’aime la fiction littéraire comme vecteur d’une vérité qui ne pourrait pas se dire autrement. La littérature est le langage qu’emprunte le réel pour se libérer des lois de la physique (je parle ici du temps et de l’espace). Et il se trouve que cette voie passe par l’esprit humain, puisque le réel sans l’esprit n’a plus de «signification».

Contre le « totalitarisme théorique » : plaidoyer pour une littérature intellectuelle parmi d’autres

Par |2016-12-21T15:19:22-05:0013 février, 2013|Colloque, Création littéraire, Dossiers thématiques, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

On reproche à certains créateurs en milieu universitaire de flirter avec les théories et de produire ainsi une littérature qui leur serait étrangère; il se trouve en effet des intervenants prêts à défendre une littérature basée uniquement sur le plaisir de la lecture. Serait-il possible, toutefois, d’imaginer une posture réunissant les deux extrêmes, c’est-à-dire une posture de chercheur, d’écrivain, d’étudiant, de professeur, etc. ­– aussi légitime dans ses ambitions et littéraires et intellectuelles? M’est avis que oui. Et que l’université, en tant que terrain de jeu, espace de formation, lieu de discussions et d’apprentissage, est l’endroit idéal pour la pleine expression de ce type de recherche-création, chose hybride, étrange, à mi-chemin entre ceci et cela, entre recherche et création, entre écriture et réflexion, entre réflexion et création, etc.

Le roman étudiant : démon de la création littéraire québécoise?

Par |2016-12-21T15:19:38-05:006 février, 2013|Colloque, Création littéraire, Dossiers thématiques, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

Le problème du «roman étudiant» serait, à en croire les propos de Ricard, qu’il ne répond pas précisément aux exigences du milieu de l’édition que lui-même prétend servir – mettant de l’avant son statut d’éditeur chez Boréal. Donc, le «roman étudiant» aurait ce «défaut» de n’être pas tout à fait conforme aux attentes de l’édition québécoise, mais la «qualité» de répondre à d’autres normes, de s’inscrire dans une visée littéraire et réflexive réglée par le contexte dans lequel il est créé, soit l’université, et d’approcher ainsi certaines notions théoriques ou esthétiques complémentaires à la démarche plus intuitive de création.

L’art et la vie : La pensée dans les poèmes de Tarkos et Pennequin

Par |2016-12-21T15:19:48-05:0030 janvier, 2013|Colloque, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

Le rapport entre l’art (ou la littérature) et la «vie» et le rôle qu’y joue cette étrange et immatérielle faculté que nous avons de «penser» n’est pas un problème nouveau, tant s’en faut. Dans le champ littéraire, les dichotomies entre abstrait et concret, langage et réel, signe et référent, forme et fond sont bien ancrées dans nos schémas de pensée et constituent des motifs de doléances récurrents chez l’écriveur dès lors qu’il «se regarde écrire». Elles peuvent même servir de moteur de l’écriture, comme c’était le cas, au départ, du «récit dysfonctionnel» qui compose mon mémoire universitaire. Or plus j’avance dans mon écrit que d’aucuns qualifieraient d’«intellectuel», plus je constate l’impasse vers laquelle je me dirige, et plus je sens la nécessité de traduire (fût-ce utopique) une expérience de vie réelle, bref de rendre mon récit «fonctionnel». J’ai l’impression que la valeur de mon œuvre ne réside pas tant dans son «intelligence» ostensible, que dans une «ingéniosité» retenue autorisant la «reconnaissance» et le «partage» d’une expérience de vie par un éventuel lecteur.

Penser la création artistique : les Leçons de Francfort d’Ingeborg Bachmann

Par |2016-12-21T15:19:56-05:0023 janvier, 2013|Colloque, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

La littérature est fondamentalement étrangère à notre monde, à ses catégories; elle a un autre rapport au temps, à l’espace et au réel. Ce qu’elle vise, ce n’est pas la reproduction du réel, car c’est une tâche impossible, jamais terminée, vaine, mais sa violation pour sa transformation. Pour Bachmann, la seule fonction d’un poème est d’aiguiser la mémoire. Il ne s’agit pas de se rappeler par cœur d’un poème, d’apprendre le nom de certaines figures de style. Il ne s’agit pas, non plus, d’une mémoire qu’on acquiert à force de répétitions, comme pour les tables de multiplication. L’empreinte que laissent en nous certaines œuvres est irrationnelle et incompréhensible et n’est pas non plus, étrangement, la trace de quelque chose de réel, c’est-à-dire que le souvenir lié à l’art n’est pas la simple image-reflet d’une réalité enregistrée dans notre mémoire.

Un cas de folie écrivaine : L’affaire Millet

Par |2016-12-21T15:20:06-05:0021 janvier, 2013|Colloque, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

Délire paranoïaque, passage à l’acte : s’agit-il de folie ou d’un usage douteux de la fiction dans la sphère publique? Avec le scandale littéraire, on a l’impression que la ligne de séparation entre la fiction et la réalité a été franchie. À moins que ce ne soit qu’une forme de folie passagère dont seraient atteints, parfois, certains écrivains? C’est la question, le doute et l’inquiétude que le scandale de cette Rentrée littéraire a ravivés.