Dossiers thématiques

pour quelques bêtes atteintes

Par |2016-12-21T15:23:08-05:0022 mai, 2013|Dossiers thématiques, Nuit de la création, Poésie, Tentative d'épuisement d'une œuvre de Riopelle, Textes de création|

ce soir la faune est rouge et les clous saignent dans les murs ça circule et ça jacasse à qui-mieux-mieux dans les fougères et les carcasses il y a des os dans les hélices à broyer les pigeons il restera toujours quelque chose à dire quand la main se refermera quand les curieux en auront soupé de la nuit

Feu ma mère, feu mon père

Par |2016-12-21T15:12:04-05:0013 mai, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Roman, Textes de création|

— Cinquante litres en descendant. Si les chauffeurs veulent plus, tu leur vends les bidons. S’ils veulent moins, tu fais payer cash. T’acceptes pas les chèques, tu prends juste le cash. J’me suis fait arnaquer à courir après des salauds de voleurs. Tu prends le cash. Tu restes alerte, tu lis rien d’autre que le journal. Mais quand tu lis, tu regardes le poste après chaque ligne. Pas question de finir une page sans lever les yeux. Pour que l’eau coule sans rouille, tu laisses le robinet ouvert une à deux minutes chaque matin. La machine à café, c’est gratuit pour toi, mais t’abuses pas. Une tasse le matin, une le soir si tu veux. Pas plus. Si jamais t’as faim, que t’as oublié ton lunch, tu peux prendre quelque chose dans les rayons. Tu me l’écris dans le cahier noir en dessous de la caisse. Tu l’remets là après. Tu marques tes heures dedans aussi. Pour l’uniforme, je t’en prête trois. J’avais pas ta grandeur. J’aurais fait raccourcir les manches par ma femme, mais…

L’ordre naît du chaos

Par |2016-12-21T15:23:28-05:008 mai, 2013|Dossiers thématiques, Nuit de la création, Poésie, Tentative d'épuisement d'une œuvre de Riopelle, Textes de création|

Trois cent soixante-treize clous. Je ne compterais pas jusque-là. Peut-être seulement trente-trois et des reprises. Peut-être un seul et la névrose qui veut qu’on répète. Peut-être tout ça, à différents moments d’une même vie, d’une même heure. Peut-être rien du tout. Et l’inspiration qui vient plutôt de celui qui regarde. L’ambivalence. L’excès et le goût de tout couvrir de mots, de concepts et de possibles. Ça fait mal de ne rien savoir.

Mourir pour la première fois. Expérience no1

Par |2016-12-21T15:16:20-05:006 mai, 2013|Dossiers thématiques, Labo in situ, Photographie, Projet de la relève artistique, Textes de création|

Le projet, Mourir pour la première fois, est une expérience développée entre le sujet, qui est aussi spectateur, la photographe et l’image. Durant cette expérience, le sujet est transformé en objet par le procédé photographique. Le sujet, ou la personne photographiée pose et devient le spectre d’elle-même, en composant une duplication de son image.

La mort du destin

Par |2016-12-21T15:12:13-05:001 mai, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Roman, Textes de création|

Je me nomme Hugo-Guy Godbout, j’ai vingt-sept ans et je suis maintenant sans emploi. Je sais, mon nom est affreux. J’ai d’ailleurs l’intention de le changer très bientôt. Mon histoire était tout ce qu’il y a de plus ordinaire avant que je me fasse renvoyer des archives de la bibliothèque municipale. Mais ce matin-là, j’avais certainement vécu l’un des pires réveils de ma vie. Il est vrai que j’avais passé la nuit sans me faire réveiller, mais en ouvrant les yeux, je n’avais qu’une idée en tête : balancer mon radio-réveil au bout de la pièce. Il faut dire qu’il m’avait tiré du sommeil en faussant une chanson de Céline sur la chaîne Rouge-wannabe-radio-branchée. Depuis deux jours, tout semblait m’empêcher d’arriver à l’heure au boulot, mais je n’avais jamais eu autant de retard que ce matin-là. En m’assoyant sur le bord de mon lit, j’ai senti une légère humidité à mes pieds. En fait, j’avais les deux pieds dans l’eau; le réservoir à eau chaude s’était vidé durant la nuit. Il va de soi que j’ai tenté d’appeler au travail pour avertir la secrétaire de mon retard, mais comme les deux derniers jours, les boutons du téléphone ne fonctionnaient pas...

L’Arbre, ou comment ils apprirent à se faire confiance

Par |2016-12-21T15:12:22-05:0029 avril, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Roman, Textes de création|

Le peintre l’aperçoit finalement lorsqu’elle est à quelques centimètres du tableau. Seulement, il ne réagit pas. Sur la toile, un arbre au milieu d’un ciel bleu, sans nuage. Les yeux de la vieille dame s’élevèrent tranquillement, comme hypnotisés par la peinture, pour allez se poser sur l’Arbre. Il bouge. Pas un mouvement créé par le vent. Le mouvement d’un animal pris au piège, qui tente de s’en sortir. L’Arbre tente de quitter sa cage de terre. Il veut partir. Sans même retourner payer son café, elle se hâte vers le manoir. Le garçon, avec la tasse dans ses mains, reste là, perplexe. Il a tout vu.

Et toc!

Par |2016-12-21T15:12:32-05:0024 avril, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Roman, Textes de création|

Déposer la serviette de lin tissé devant le micro-ondes, toujours la même serviette de lin, toujours au même endroit, toujours. On ne se fait prendre qu’une seule fois à mettre sa main sous un plat de plastique brûlant. Faire pression sur le bouton-poussoir du micro-ondes, contrôler cette pression; il ne faut rien brusquer. L’important restera ma main gauche : à l’affût à chaque instant de la manœuvre. Prête, elle attrape la porte du micro-ondes, l’empêchant du même coup d’aller se heurter contre le mur. J’ai en horreur le toc qui se produit lorsqu’elle le frappe : la plainte sourde du gypse défraîchi m’horripile – personne ne vient ici, pourquoi aurais-je repeint? Ce bruit signifierait l’échec de mon entreprise, la perte de contrôle : il ne faut jamais perdre le contrôle. Immobile, elle se doit de rester immobile.

L’expérience du retrait dans la création

Par |2016-12-21T15:18:54-05:0017 avril, 2013|Colloque, Création littéraire, Dossiers thématiques, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

Précisons tout d’abord que le terme « retrait », n’étant pas défini par un objet indirect ou par un complément circonstanciel (retrait de quoi? de où?), s’est pensé à partir de deux aspects en interrelation : le retrait de la société offre la possibilité d’un retrait de soi. C’est précisément cette double expérience du retrait qui permettrait à l’écrivain de définir un nouveau rapport à soi et au monde, rapport mettant directement en jeu sa corporéité, sa conception du temps et de l'espace, et plus globalement son système de valeurs.

La résilience des corps

Par |2016-12-21T15:12:40-05:0015 avril, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Roman, Textes de création|

— On était dans Charlevoix, dans un chalet qu’elle avait loué pour une semaine, aux Éboulements. Elle aime assez ça, aller là! Ça allait super bien, je veux dire, depuis trois mois, même un peu plus, attends, j’ai écrit dans mon agenda, ok, donc depuis le 15 octobre, elle allait bien. Pas d’absences, pas de confusion ni de crise. Elle avait une job depuis six mois, pas un gros truc, commis dans un magasin de produits naturels, mais ça lui plaisait et elle était bien contente d’avoir d’autres sous que ceux du gouvernement. En tout cas, on était au chalet qu’elle avait réservé elle-même pis qu’elle avait payé toute seule. Après trois jours, elle a commencé à moins bien feeler. Je sais pas trop comment te le décrire. Un matin, je me suis levé, elle était pas dans le lit, elle regardait dehors, en robe de chambre. Quand je l’ai embrassée, elle a sursauté et c’est comme si elle ne me reconnaissait pas.