En résidence

Le Crachoir de Flaubert accueille des chercheur-créateurs ou des chercheure-créatrices en résidence qui bénéficient d’un espace privilégié pour explorer les différentes possibilités de sa double posture. La résidence est un lieu virtuel que l’artiste peut investir de la manière qui lui convient le mieux. À mi-chemin entre le blogue, la chronique et le feuilleton, cette résidence permet à l’artiste d’exposer à un vaste public les résultats de sa réflexion ou de sa création, les hypothèses qui sont les siennes, ses coups de tête et ses coups de gueule concernant la recherche-création. Ce lieu unique au monde lui appartient le temps de son séjour parmi nous et les propos tenus ici n’engagent que l’artiste, qui a carte blanche pour créer et réfléchir.

Pour postuler à cette résidence, en tout temps, veuillez contacter l’équipe avec une courte description de votre projet en écrivant à l’adresse suivante : contact@lecrachoirdeflaubert.org

Chercheurs-créateurs et chercheures-créatrices en résidence
2014 : Cassie Bérard
2015 : Vincent Mauger
2016 : Danielle Boutet
2017 : Chloé Savoie-Bernard
2017-2018 : Nicholas Giguère
2018 : Naomi Fontaine
2019 : Fanie Demeule
2019 : Valérie Forgues
2019 : Stéphane Ledien
2020: Sara Lazzaroni
2020: Sébastien Emond
2021: Maude Déry
2022: Mattia Scapulla
2022: Maude Deschêne Pradet
2022 : Anne-Marie Desmeules
2023 : Lux
2023 : Alex Thibodeau
2024 : Jessica Dufour
2024-2025: Maxime Plamondon
2025: Lily Pinsonneault
2025: Geneviève Dufour

Comment dresser un bilan en quelques minutes : mode d’emploi

Par |2017-11-02T08:13:59-05:001 novembre, 2017|En résidence, Nicholas Giguère, Récit, Textes de création|

je publie des extraits de ce « roman » et les guillemets sont importants parce que j’écris pas des romans de la poésie du théâtre c’est tout ça à la fois je fais dans le non-genre j’écris tout-et-rien surtout rien je pense mais j’espère quand même que c’est quelque chose ce « roman » où je m’adresse à vous tous et toutes gars et filles du secondaire faut quand même être rancunier odieux ou tout simplement sadomaso j’aime à penser que c’est les trois je suis l’homme avec beaucoup de qualités revenir sur ces années que j’ai toujours préféré oublier mais non je gratte le bobo j’enlève la gale je fais sortir le pus le sang ça jute partout si j’étais fort sur les clichés mais c’est peut-être le cas

Golden years

Par |2017-10-04T08:13:43-05:004 octobre, 2017|En résidence, Nicholas Giguère, Nouvelles, Récit, Textes de création|

on se souviendra de cette bataille avec Annie Grondin en secondaire 1 ou 2 les années ont plus d’importance est-ce qu’elles en ont déjà eu de toute façon surtout au secondaire à la Polyvalente des Abénaquis où la meilleure façon de tuer le temps c’était de passer les pauses et les heures de dîner à la bibliothèque à lire des romans d’Agatha Christie Hercule Poirot sur son 36 enquête sur le meurtre d’une vieille de 95 ans éventrée à la scie sauteuse pendant qu’elle buvait son thé pas trop sucré avec un peu de lait ou j’allais me renfermer dans les toilettes pour échapper aux autres qui passaient leur temps à m’écoeurer pour qu’on m’oublie juste deux secondes les années ont pas d’importance les années ont plus d’importance toi encore moins que tous les autres

Regardant; regardé

Par |2017-08-02T14:54:31-05:002 août, 2017|Chloé Savoie-Bernard, En résidence, Nouvelles, Récit, Textes de création|

Au fond, c’est sans doute pour cela que la présence du coiffeur me dérange, me déplaît, ça en fait deux des comme nous dans un périmètre restreint, deux qui volons aux gens des petits bouts, qui en nourrissons nos desseins étranges, dont le sens nous échappe. Car je ne sais pas ce que je fais de ces vies que j’accumule, que je collectionne. Pourtant, j’ai la conviction que ces vies me définissent.

Encore une fois, les animaux morts

Par |2017-07-05T08:08:42-05:005 juillet, 2017|Chloé Savoie-Bernard, En résidence, Nouvelles, Récit, Textes de création|

J’ai grandi, j’ai vieilli, un jour je suis partie de la maison familiale, j’ai emménagé dans un appartement avec beaucoup de colocataires mais aucun animal. Mais quelque mois plus tard, j’adoptais deux chattes que j’ai toujours. Je pense même souvent que ce sont mes enfants, je les appelle Mes filles. À vrai dire, je sens confusément que si je tombe enceinte, il y a plus de risque que j’accouche non pas de bébés enfants mais de chatons. Mon imagination ne dit pas si je les allaiterais ou pas; des petites dents de bébés chats, ça doit croquer durement les mamelons.

Les animaux morts, la vie domestique

Par |2019-03-05T00:26:40-05:007 juin, 2017|Chloé Savoie-Bernard, En résidence, Nouvelles, Textes de création|

Plus tôt, sur le chemin entre Montréal et la campagne, à chaque fois que j’avais vu un animal mort, tué par l’impact d’une voiture, échoué sur le bas-côté de l’autoroute, quelque chose dans mes viscères s’était noué. J’étais parvenue à identifier : un renard, deux ratons laveurs, au moins six marmottes, deux chats — un blanc, un roux. La plupart du temps, nous passions trop vite pour que je puisse savoir ce qui avait été écrasé. Je voyais de la fourrure, du sang séché. C’est tout.

Les nuisettes de ma grand-mère

Par |2017-04-24T09:01:59-05:003 mai, 2017|Chloé Savoie-Bernard, En résidence, Nouvelles, Textes de création|

Mes plus belles possessions sont ces robes-là et ces blouses-là, de ma grand-mère, en soie, que je porte encore, que je porte depuis presque dix ans. Les seules choses que j’ai eues d’elle, quand elle est morte, sont quelques vêtements, quelques nuisettes pour dormir, qui devaient être très amples, très larges sur son petit corps à elle, cent livres et des poussières, qui devaient être presque longues sur ses cinq pieds. Lorsque je les porte, j’ai l’impression que ces vêtements sur moi deviennent beaucoup plus sexualisant que sur elle, ils s’étirent, s’étriquent sur mes courbes, se retroussent sur mes jambes, ces robes et ces nuisettes qui peut-être en dévoilent plus qu’il ne le faudrait.

Trois fois se fondre

Par |2017-03-28T08:37:07-05:003 avril, 2017|Chloé Savoie-Bernard, En résidence|

Mon père, qui rentrait au pays natal pour la première fois depuis une dizaine d’années, parlait un créole cassé, un créole qui ne connaissait pas les nouvelles expressions à la mode, un créole aux intonations québécoises qu’il n’employait plus que pour parler à ses sœurs. Alors qu’il marchandait le prix des ânes qui devaient nous mener en haut de la Citadelle, forteresse emblématique de la ville où il est né, il s’est fait demander s’il n’était pas africain, par hasard.

Papa vivant; papa mort

Par |2017-03-01T15:15:57-05:001 mars, 2017|Chloé Savoie-Bernard, En résidence|

Dans les partys, les lancements, les gens venaient me parler et je m’inventais des nouveaux noms, oui, je faisais mon intéressante, mais en même temps je m’évanouissais derrière les façades en carton-pâte que je dressais pour le plaisir de la scénographie, je disais que je m’appelais Coralie, Nathasha ou Marie. Je disais que j’étais la fille de Dany Laferrière. Une fois, j’ai dit que j’étais celle de Mike Tyson. Les gens souvent ne connaissaient pas mes pères fictifs. Dany qui, Mike quoi? Ça me ravissait, je pouvais en beurrer encore plus.