Stéphane Ledien

MEUTES

En tant qu’écrivain de nouvelles et de romans, je m’aventure de plus en plus dans les recoins sombres de l’âme humaine. J’écris tout particulièrement pour pointer les travers du monde et remettre en jeu les crimes, à grande et à petite échelle, de notre société.
Je broie, je crée du noir. Et j’en étudie les trames.

En tant que chercheur, je m’intéresse aux narrations incorrectes et dérangeantes de cette littérature de la crise qu’est le roman noir du XXIe siècle. Des récits radicaux, violents, éloignés de toute bien-pensance et des clivages politiques d’antan – c’est-à-dire d’avant le nouveau désordre mondial notamment engendré par : le 11 Septembre, les crises financières, la montée en puissance des contestations populaires et citoyennes et, en réponse à celles-ci, des violences policières. Et j’en passe.

Avec Meutes, je veux poursuivre cette exploration. À travers une série de courts textes de fiction ainsi que des réflexions sur la création affiliée aux littératures de genre, je souhaite observer, raconter, dramatiser, les faits de notre société et les méfaits de la mondialisation et du capitalisme. Entre autres crises… et crimes, y compris de lèse-majesté.

Meutes, ce sont les luttes de pouvoir, les rapports de force, de méfiance et de défiance entre les individus, les groupes de pression, les communautés, les autorités. Entre le narrateur et ses personnages, aussi. Et entre les ceux qui pensent ceci et les ceux qui décrètent cela.

Meutes, ce sont les hurlements avec le reste de la cohorte, ou pas. Les ralliements à l’opinion dominante ou, allez savoir, à son exacte opposée. Les comportements carnassiers au propre comme au figuré… Meutes sera peuplé de hordes et de loups solitaires de tous bords, de mâles dominants et de mal-pensants.

Meutes privilégiera des histoires choc dans une langue rejoignant si possible les « mélopées saccadées, mitrailles obsessionnelles, […] behavioristes, argotiques [et] paradoxalement lyriques » (Sabrina Champenois, « Portrait : Du roman noir à l’histoire », Libération, 3 avril 2014) des textes marquants d’auteurs de noir contemporain comme James Ellroy, Don Winslow, DOA ou encore, Antoine Chainas et Dominique Manotti. Ce chantier sera par ailleurs l’occasion d’éprouver une écriture qui, comme l’a relevé Dominique Manotti – oui, encore elle – le 20 juin 2015 au micro de France Culture, représente peut-être bien « le classicisme d’aujourd’hui ».

Il se peut que par endroits, Meutes vire à l’émeute.
Mais si, parfois, Meutes émeut, c’est encore mieux.​

Mauvaises graines

Par |2021-01-04T14:46:18-05:0014 janvier, 2021|Non classé, Nouvelles, Stéphane Ledien|

Bertin, le journaliste attablé dans la salle à manger, plisse les lèvres. Il compatit. Ou il affecte de. Un site d’« informations urbaines » l’a envoyé de Montréal jusqu’ici, dans cette grande maison en pierres des champs où une femme retraitée vit seule depuis près de dix ans. Micheline a accepté l’entrevue pour que cessent les jugements, les harcèlements.

Masqués

Par |2020-09-02T14:57:50-05:0024 septembre, 2020|Nouvelles, Stéphane Ledien|

  Ruben se regarde, sourit sous son masque. Il se trouve badass. C’est trop bien, ce qui arrive en ce moment, avec la pandémie, le couvre-visage obligatoire, et tout ça. Avant, on ne pouvait pas défiler dans les rues avec un foulard sur le nez ou un déguisement super voyant.

Une once d’empathie

Par |2020-07-13T09:45:19-05:0030 juillet, 2020|Stéphane Ledien, Textes de creation|

Merde, quand ce ne sont pas les ouvriers de la ville débarquant avec fracas avant l’heure autorisée (et les plaintes à la Ville n’y ont rien changé), on a droit aux schizophrènes, aux alcooliques, aux toxicos qui errent, cherchent quelque chose qu’ils ne trouveront jamais, ni en eux, ni véritablement ailleurs.

Baiser baiser baiser

Par |2019-11-22T11:17:54-05:0022 novembre, 2019|En résidence, Nouvelles, Stéphane Ledien, Textes de creation|

Hervé hoche la tête, attrape sa tablette, vérifie son courrier électronique. N’importe quoi pour évacuer ses idées de volupté. Il parcourt l’actualité entre vraies nouvelles et fake news, gâche encore cinq, dix, quinze minutes de sa vie sur Facebook. Les gens commentent à tout-va, pour un oui, pour un non, pour des like.

En bloc

Par |2019-07-12T16:28:42-05:0017 juillet, 2019|En résidence, Nouvelles, Stéphane Ledien, Textes de creation|

Les commerçants tremblent rien qu’à l’idée que cette marée d’anarchistes, de vandales sans foi ni respect des lois et des règlements, puisse déferler dans leurs rues paisibles. Des restaurateurs, des patrons de bar et des vendeurs de souvenirs et de sirop d’érable s’évanouissent à la pensée d’une marche sur Québec.