Textes de creation

Monsieur F.

Par |2017-11-07T09:51:18-05:008 novembre, 2017|Nouvelles, Textes de creation|

Pour m’encourager le téléphone sonnait plusieurs fois par jour, avec au bout du fil une de ces voix, elles m’harcelaient et m’humiliaient et j’encaissais tout sans rechigner, sans rien dire, mais je buvais encore davantage. Et quand je raccrochais, pour me remercier, elle prenait le relais.

Comment dresser un bilan en quelques minutes : mode d’emploi

Par |2017-11-02T08:13:59-05:001 novembre, 2017|En résidence, Nicholas Giguère, Récit, Textes de creation|

je publie des extraits de ce « roman » et les guillemets sont importants parce que j’écris pas des romans de la poésie du théâtre c’est tout ça à la fois je fais dans le non-genre j’écris tout-et-rien surtout rien je pense mais j’espère quand même que c’est quelque chose ce « roman » où je m’adresse à vous tous et toutes gars et filles du secondaire faut quand même être rancunier odieux ou tout simplement sadomaso j’aime à penser que c’est les trois je suis l’homme avec beaucoup de qualités revenir sur ces années que j’ai toujours préféré oublier mais non je gratte le bobo j’enlève la gale je fais sortir le pus le sang ça jute partout si j’étais fort sur les clichés mais c’est peut-être le cas

Chlorophilie

Par |2017-10-02T14:52:20-05:0011 octobre, 2017|Nouvelles, Textes de creation|

Y’est pas resté. Y pouvait pas. C’est pas le travail cette fois. Mais y pouvait pas quand même. Les lèvres rouges de la grand-malade bougent trop vite, je vois plus sa bouche. Y’ont mis ma chaise au milieu de la grand salle. J’ai un cône sur la tête et tout le monde est tourné vers moi. Aujourd’hui, j’ai vingt-cinq chandelles sur le gâteau-banane. Je m’incline tranquillement. Doucement, je deviens immobile et croquevillé. Je me ferme.

Golden years

Par |2017-10-04T08:13:43-05:004 octobre, 2017|En résidence, Nicholas Giguère, Nouvelles, Récit, Textes de creation|

on se souviendra de cette bataille avec Annie Grondin en secondaire 1 ou 2 les années ont plus d’importance est-ce qu’elles en ont déjà eu de toute façon surtout au secondaire à la Polyvalente des Abénaquis où la meilleure façon de tuer le temps c’était de passer les pauses et les heures de dîner à la bibliothèque à lire des romans d’Agatha Christie Hercule Poirot sur son 36 enquête sur le meurtre d’une vieille de 95 ans éventrée à la scie sauteuse pendant qu’elle buvait son thé pas trop sucré avec un peu de lait ou j’allais me renfermer dans les toilettes pour échapper aux autres qui passaient leur temps à m’écoeurer pour qu’on m’oublie juste deux secondes les années ont pas d’importance les années ont plus d’importance toi encore moins que tous les autres

Voir l’invisible

Par |2017-09-06T09:54:43-05:0013 septembre, 2017|Récit, Textes de creation|

Et puis dans les ruelles de Parc-Extension, il y a cette débauche de verdure. Jamais je n’ai marché, en ville, dans de l’herbe aussi haute. Dans celle-ci, j’en ai jusqu’au mollet. Où est le béton? L’asphalte? On se croirait dans un pré et les arrière-cours se prennent pour des potagers.

Les crayons de couleur

Par |2017-08-23T10:24:11-05:0023 août, 2017|Nouvelles, Textes de creation|

Je me suis assise sur la machine à laver, face au miroir, pour avoir un bon point de vue sur sa métamorphose. Déjà, même sans maquillage, je savais qu’elle était plus belle que moi. Je le savais parce que le serveur de la crèmerie oubliait toujours de me donner l’extra-bonbon sur ma crème glacée, alors qu’elle, elle recevait une cerise gratuitement sur la sienne. Ses seins et ses hanches courbées y étaient sûrement pour quelque chose.

Regardant; regardé

Par |2017-08-02T14:54:31-05:002 août, 2017|Chloé Savoie-Bernard, En résidence, Nouvelles, Récit, Textes de creation|

Au fond, c’est sans doute pour cela que la présence du coiffeur me dérange, me déplaît, ça en fait deux des comme nous dans un périmètre restreint, deux qui volons aux gens des petits bouts, qui en nourrissons nos desseins étranges, dont le sens nous échappe. Car je ne sais pas ce que je fais de ces vies que j’accumule, que je collectionne. Pourtant, j’ai la conviction que ces vies me définissent.

De racines et de cris

Par |2017-07-26T20:15:31-05:0026 juillet, 2017|Nouvelles, Textes de creation|

Pendant les quatre premières années de mon existence, je m’arrachais les cheveux et les mangeais, un à un. Je m’assoyais dans le coin du salon, loin des jouets auxquels je ne touchais jamais, et j’arrachais tout. Toute la journée, je glissais les doigts sur mon crâne et laissais tomber sur moi les cris de maman. Papa, les mains autour de la tasse de café refroidie, me parle des réprimandes. Il me dit ne pas avoir su quoi faire toutes ces années. Alors il me disputait. Quatre ans, pas un cheveu.