Etudes littéraires

Turbulences

Par |2014-04-09T11:35:08-05:009 avril, 2014|Création littéraire, Etudes littéraires, Textes de reflexion|

Nul besoin, donc, de tout approfondir, de tout reprendre et de tout justifier. La logique, ici, n’est pas celle de l’étalement. Aux eaux dormantes, j’oppose la turbulence du torrent. Celle, pourquoi pas, de la Rivière du Sud qui a marqué mon enfance : « splendeur shutshishiun corps cataracte pishteukamikun mamatuanut pishteuatikutshun puissance serpent sans cesse précipitée par l’éternel effondrement de ses chairs tshinikuanitshun puissance rivière » (Marcoux-Chabot, 2014 : 27) dont je parle abondamment dans mon dernier roman. Logique de l’écriture essayistique : je me laisse emporter par le courant. Et si j’ai laissé l’innu dépeindre ma rivière, je parlerai à présent de l’Amérindien par la bouche du torrent.

Béances

Par |2013-11-28T17:20:00-05:0028 novembre, 2013|Création littéraire, Etudes littéraires, Textes de reflexion|

L’ai-je mentionné? Par mon père, son père et tous mes ancêtres jusqu’à Mathurin Chabot, premier du nom en terre de Canada, je suis moi-même Québécois. « De souche », pourrais-je même ajouter. Pourquoi alors cette réticence (ou plutôt cette indifférence) à employer l’expression « littérature québécoise » pour désigner ce milieu culturel dans lequel je m’évertue pourtant à multiplier les signes de mon existence? De façon plus générale, pourquoi le concept de « littérature nationale » suscite-t-il en moi si peu d’enthousiasme?

Les limites de mon corps

Par |2016-12-21T15:11:11-05:0011 novembre, 2013|Cours de création littéraire, Création littéraire, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, L'histoire commence. Atelier du roman, Textes de reflexion|

L’œuvre devient, pour l’écrivain qui l’a composée, un lieu d’expérimentation où il cherche, en écrivant, à voir comment le réel peut se plier à sa volonté pour s’incarner dans un récit, où il cherche à découvrir quel réel on peut créer avec la littérature. Si je ne suis pas parvenu, ce matin, à éteindre mon réveille-matin en dépassant les limites de mon corps, le romancier, lui, doit constamment chercher à franchir de nouvelles frontières, à parler avec une voix nouvelle, bref, à montrer un peu plus ce dont l’univers est capable, en écrivant quelques mots.

Les potentiels de la transgression générique. L’exemple de trois romans «policiers» modernes

Par |2016-12-21T15:11:26-05:0014 août, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, L'histoire commence. Atelier du roman, Textes de reflexion|

En quoi L'Inconnu du Nord-Express est-il intéressant du point de vue de la création littéraire? Nous nous limiterons à trois aspects : la nouveauté du motif (chacun tue pour le compte de l'autre, sans raison apparente : le crime parfait); l'utilisation du concept du double, du Doppelgänger, qui oppose et relie constamment Bruno et Haines et qui devient un véritable procédé formel; enfin, la narration elliptique, grâce à laquelle le récit avance par bonds, en sautant comme un vinyle rainuré, dévoilant en quelque sorte ses rouages romanesques.

Houellebecq artiste penseur

Par |2016-12-21T15:19:14-05:0027 février, 2013|Colloque, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de reflexion|

Il serait juste de qualifier le monde de Houellebecq de « [b]ourse des corps » en empruntant l’expression à Pascal Bruckner dans Le Paradoxe amoureux. Cette bourse trace une hiérarchie sociale dans le fourmillant système du sexe. Et, pareillement à la bourse d’argent, il y a de gros joueurs et de grands risques, des potentiels modestes ou monstrueux, des cotes promues, déchues, des chutes d’indice, progressives ou dramatiques. Des envolées vertigineuses, de bonne fortune ou de travail ardu. Des hasards, des krachs. Mais aussi des retraits et des ventes, des reculs. Des joueurs prudents, des défections, des faillites. Des démissions, des dépressions et des suicides.

L’art et la vie : La pensée dans les poèmes de Tarkos et Pennequin

Par |2016-12-21T15:19:48-05:0030 janvier, 2013|Colloque, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de reflexion|

Le rapport entre l’art (ou la littérature) et la «vie» et le rôle qu’y joue cette étrange et immatérielle faculté que nous avons de «penser» n’est pas un problème nouveau, tant s’en faut. Dans le champ littéraire, les dichotomies entre abstrait et concret, langage et réel, signe et référent, forme et fond sont bien ancrées dans nos schémas de pensée et constituent des motifs de doléances récurrents chez l’écriveur dès lors qu’il «se regarde écrire». Elles peuvent même servir de moteur de l’écriture, comme c’était le cas, au départ, du «récit dysfonctionnel» qui compose mon mémoire universitaire. Or plus j’avance dans mon écrit que d’aucuns qualifieraient d’«intellectuel», plus je constate l’impasse vers laquelle je me dirige, et plus je sens la nécessité de traduire (fût-ce utopique) une expérience de vie réelle, bref de rendre mon récit «fonctionnel». J’ai l’impression que la valeur de mon œuvre ne réside pas tant dans son «intelligence» ostensible, que dans une «ingéniosité» retenue autorisant la «reconnaissance» et le «partage» d’une expérience de vie par un éventuel lecteur.

Penser la création artistique : les Leçons de Francfort d’Ingeborg Bachmann

Par |2016-12-21T15:19:56-05:0023 janvier, 2013|Colloque, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de reflexion|

La littérature est fondamentalement étrangère à notre monde, à ses catégories; elle a un autre rapport au temps, à l’espace et au réel. Ce qu’elle vise, ce n’est pas la reproduction du réel, car c’est une tâche impossible, jamais terminée, vaine, mais sa violation pour sa transformation. Pour Bachmann, la seule fonction d’un poème est d’aiguiser la mémoire. Il ne s’agit pas de se rappeler par cœur d’un poème, d’apprendre le nom de certaines figures de style. Il ne s’agit pas, non plus, d’une mémoire qu’on acquiert à force de répétitions, comme pour les tables de multiplication. L’empreinte que laissent en nous certaines œuvres est irrationnelle et incompréhensible et n’est pas non plus, étrangement, la trace de quelque chose de réel, c’est-à-dire que le souvenir lié à l’art n’est pas la simple image-reflet d’une réalité enregistrée dans notre mémoire.

Un cas de folie écrivaine : L’affaire Millet

Par |2016-12-21T15:20:06-05:0021 janvier, 2013|Colloque, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de reflexion|

Délire paranoïaque, passage à l’acte : s’agit-il de folie ou d’un usage douteux de la fiction dans la sphère publique? Avec le scandale littéraire, on a l’impression que la ligne de séparation entre la fiction et la réalité a été franchie. À moins que ce ne soit qu’une forme de folie passagère dont seraient atteints, parfois, certains écrivains? C’est la question, le doute et l’inquiétude que le scandale de cette Rentrée littéraire a ravivés.

Le Contre Sainte-Beuve de Marcel Proust: entre réflexion et création

Par |2012-10-15T08:16:50-05:0015 octobre, 2012|Etudes littéraires, Textes de reflexion|

Puisque la réminiscence, le retour au moi profond, exige une parfaite solitude et une parfaite quiétude, pourquoi l’artiste, ayant atteint ce stade où il est coupé de son moi social, voudrait-il créer une œuvre qui le renvoie vers la société? Ce qu’il faut surtout remarquer ici, c’est justement que, pour Proust, l’œuvre d’art n’est jamais créée en vue d’une réception éventuelle, car cette considération du monde extérieur impliquerait à la fois le recours à l’intelligence et au moi social.

Figurations du lecteur chez Clarice Lispector

Par |2016-12-21T15:25:01-05:0013 septembre, 2012|Colloque, Etudes littéraires, Textes de reflexion, Une complémentarité à définir|

Je m’intéresse à l’écrivaine brésilienne Clarice Lispector (1920-1977) non pas comme spécialiste de son œuvre, mais comme nouvelle lectrice, puisque la première fois que j’ai parcouru un de ses livres, je n’ai pas réussi à le terminer. Je pourrais avancer quelques explications pour justifier ma difficulté et ma résistance à pénétrer dans le monde de Lispector : à l’époque de mon premier contact avec son œuvre, j’étais encore jeune et je venais d’entrer à l’université. En outre, toute ma culture littéraire allait à contre-courant de l’art lispectorien. La plupart des œuvres qui ont amorcé ma formation intellectuelle suivaient un modèle plutôt traditionnel, une littérature peuplée de héros et d’intrigues avec un début, un milieu et une fin, c’est-à-dire tout le contraire de ce que l’on trouve chez Clarice Lispector.