Dossiers thématiques

Écrire, lire, réfléchir: dans l’ordre ou le désordre.

Par |2016-12-21T15:12:51-05:0010 avril, 2013|Cours de création littéraire, Création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Textes de réflexion|

Si tu veux écrire, retourne à l’école, me suis-je dit. J’avais pris conscience du fait qu’être rédactrice n’est pas être écrivaine. Est-ce que je le deviendrai un jour? Qui sait? Une chose est certaine : une fois passée l’épreuve des premiers textes soumis au regard de l’autre, l’expérience est devenue en soi une source de plaisir et d’évolution. Apprendre à lire et à écrire autrement, à montrer plutôt qu’à dire, à faire vivre les personnages plutôt qu’à les interpréter, à sortir de ma zone de confort, m’a donné le goût du roman.

Journal poétique

Par |2016-12-21T15:16:28-05:008 avril, 2013|Dossiers thématiques, Journal, Labo in situ, Projet de la relève artistique, Textes de création|

Le mendiant, qui a dû allumer sa cigarette avec son pied, est réapparu sous un sac de pommes de terre le long d’une allée de quilles en revenant d’une balade à Broadway Pourquoi écrire si c’est pour dire n’importe quoi? Eh bien parce que ça fait du bien, parce que c’est défoulant Mais vous n’en avez pas marre d’importuner votre lecteur avec ce charabia? Non, car le lecteur m’embête aussi

Mouton et mystère

Par |2016-12-21T15:13:01-05:002 avril, 2013|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Roman, Textes de création|

La classe attendait en silence la réponse. Le professeur prenait plutôt mal les remarques de son auditoire, et les élèves le savaient. Lord Dubuc lissa ses sourcils avec ses index, inspira longuement et se leva d'un bond. Il parcourut la classe de ses yeux, puis accrocha son regard sévère dans le fond de l'âme de la jeune fille qui avait osé: «Non, Ludmilla, je ne connais pas tout, mais j'ai tout fait. Je ne dis pas ça par prétention, mais bien parce que j'ai exercé mille métiers. Et vous saurez, mademoiselle, que celui de professeur d'histoire est bien le pire puisqu'il faut endurer tous vos commentaires impertinents.» Il prit un air froissé. Ludmilla croisa les bras et fit de même. Lord Dubuc sonda la classe pour voir si quelqu'un voulait en rajouter et se retourna vers le tableau.

Le roman en mouvement: essai réflexif sur l’art romanesque

Par |2016-12-21T15:13:09-05:0027 mars, 2013|Cours de création littéraire, Création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Textes de réflexion|

Je souhaite un roman en mouvement, un roman qui bouge et qui fait bouger. Petite précision : faire bouger quelque chose ne signifie pas nécessairement de plaire, mais aussi de choquer, de déstabiliser et de faire résonner ou vibrer quoi que ce soit chez le lecteur. L’important, selon moi, reste d’utiliser cette tribune que nous offre le roman pour dire quelque chose. Que l’histoire soit fantastique, poétique, réaliste ou quotidienne, elle doit porter une parole et un regard différents sur notre monde et sur la vie pour nous éclairer.

Devenir homme-boîte : journal postdaté d’une performance avec une boîte de carton

Par |2016-12-21T15:16:38-05:0025 mars, 2013|Dossiers thématiques, Labo in situ, Performance, Projet de la relève artistique, Textes de création|

Ştefania sort un livre de son sac : L’homme-boîte de Kôbô Abé, dans une traduction en roumain. Je le feuillette rapidement; je ne saisis rien sinon quelques mots ici et là. Je me hasarde avec une traduction aléatoire, ça nous fait bien marer. Ştefania me raconte un peu l’histoire, son lien avec le projet, l’influence que ce roman a eu sur sa réflexion artistique : je note et j’irai me procurer la version française chez l’un des libraires de la rue Ambroise Thomas, tout juste en face de la cathédrale. La discussion se poursuit, on parle maintenant de la douleur; Ştefania explique qu’elle ne peut créer quand elle ne va pas bien. Ça ne pourrait mieux tomber : nos déjeuners rue Serpenoise sont plus souvent qu’autrement assez festifs : nous sommes à tout coup galvanisés par l’enthousiasme de l’autre et on sent bien que cette jeune amitié est à la fois mondaine, intellectuelle et artistique.

Si la solitude se boit, l’absinthe se déguste

Par |2016-12-21T15:13:18-05:0020 mars, 2013|Cours de création littéraire, Création littéraire, Dossiers thématiques, L'histoire commence. Atelier du roman, Textes de réflexion|

La solitude littéraire fascine. En dépit du fait que le concept du « besoin de solitude » ne soit pas exclusif au domaine littéraire, la solitude littéraire, elle, s’enveloppe d’une aura mystique. Il semble que, contrairement à la solitude pragmatique du chercheur en neurobiologie absoute à grands coups de c’est normal qu’il soit seul, il faut qu’il se concentre, bon sang!, la solitude littéraire a ceci d’incompréhensible que l’écrivain, lui, ne se concentre pas; il cherche l’inspiration.

L’acte poétique: un geste d’intellectuel

Par |2016-12-21T15:19:06-05:0011 mars, 2013|Colloque, Création littéraire, Dossiers thématiques, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

Avant toute chose, j’aimerais apporter quelques considérations générales sur la thèse en recherche-création, celle-ci s’imbriquant naturellement au thème du colloque. Au fil des ans, cette thèse a pris sa place grâce à la ténacité de ceux qui ont cru à la valeur scientifique d’une pratique dont les multiples avenues révèlent un caractère bien singulier. Les professeurs-chercheurs impliqués dans ce programme universitaire relativement jeune ont balisé un terrain à l’intérieur duquel une question parvient tout de même à resurgir maintes fois : de quelles natures doivent être les liens entre la création et l’essai? Langages conceptuels et langages métaphoriques s’entrecroisent mais encore faut-il que cette cohabitation devienne opérationnelle. Voilà un enjeu fondamental. Et, dans l’essai, comment intellectualiser le travail de création qui est, en soi, un ouvrage intellectuel? Il n’y a pas de réponse simple et unique.

Houellebecq artiste penseur

Par |2016-12-21T15:19:14-05:0027 février, 2013|Colloque, Dossiers thématiques, Etudes littéraires, Portrait de l'artiste en intellectuel, Textes de réflexion|

Il serait juste de qualifier le monde de Houellebecq de « [b]ourse des corps » en empruntant l’expression à Pascal Bruckner dans Le Paradoxe amoureux. Cette bourse trace une hiérarchie sociale dans le fourmillant système du sexe. Et, pareillement à la bourse d’argent, il y a de gros joueurs et de grands risques, des potentiels modestes ou monstrueux, des cotes promues, déchues, des chutes d’indice, progressives ou dramatiques. Des envolées vertigineuses, de bonne fortune ou de travail ardu. Des hasards, des krachs. Mais aussi des retraits et des ventes, des reculs. Des joueurs prudents, des défections, des faillites. Des démissions, des dépressions et des suicides.