Récit

Golden years

Par |2017-10-04T08:13:43-05:004 octobre, 2017|En résidence, Nicholas Giguère, Nouvelles, Récit, Textes de création|

on se souviendra de cette bataille avec Annie Grondin en secondaire 1 ou 2 les années ont plus d’importance est-ce qu’elles en ont déjà eu de toute façon surtout au secondaire à la Polyvalente des Abénaquis où la meilleure façon de tuer le temps c’était de passer les pauses et les heures de dîner à la bibliothèque à lire des romans d’Agatha Christie Hercule Poirot sur son 36 enquête sur le meurtre d’une vieille de 95 ans éventrée à la scie sauteuse pendant qu’elle buvait son thé pas trop sucré avec un peu de lait ou j’allais me renfermer dans les toilettes pour échapper aux autres qui passaient leur temps à m’écoeurer pour qu’on m’oublie juste deux secondes les années ont pas d’importance les années ont plus d’importance toi encore moins que tous les autres

Voir l’invisible

Par |2017-09-06T09:54:43-05:0013 septembre, 2017|Récit, Textes de création|

Et puis dans les ruelles de Parc-Extension, il y a cette débauche de verdure. Jamais je n’ai marché, en ville, dans de l’herbe aussi haute. Dans celle-ci, j’en ai jusqu’au mollet. Où est le béton? L’asphalte? On se croirait dans un pré et les arrière-cours se prennent pour des potagers.

Regardant; regardé

Par |2017-08-02T14:54:31-05:002 août, 2017|Chloé Savoie-Bernard, En résidence, Nouvelles, Récit, Textes de création|

Au fond, c’est sans doute pour cela que la présence du coiffeur me dérange, me déplaît, ça en fait deux des comme nous dans un périmètre restreint, deux qui volons aux gens des petits bouts, qui en nourrissons nos desseins étranges, dont le sens nous échappe. Car je ne sais pas ce que je fais de ces vies que j’accumule, que je collectionne. Pourtant, j’ai la conviction que ces vies me définissent.

Encore une fois, les animaux morts

Par |2017-07-05T08:08:42-05:005 juillet, 2017|Chloé Savoie-Bernard, En résidence, Nouvelles, Récit, Textes de création|

J’ai grandi, j’ai vieilli, un jour je suis partie de la maison familiale, j’ai emménagé dans un appartement avec beaucoup de colocataires mais aucun animal. Mais quelque mois plus tard, j’adoptais deux chattes que j’ai toujours. Je pense même souvent que ce sont mes enfants, je les appelle Mes filles. À vrai dire, je sens confusément que si je tombe enceinte, il y a plus de risque que j’accouche non pas de bébés enfants mais de chatons. Mon imagination ne dit pas si je les allaiterais ou pas; des petites dents de bébés chats, ça doit croquer durement les mamelons.

L’hameçon des enthéogènes

Par |2017-06-14T04:58:36-05:0014 juin, 2017|Nouvelles, Récit, Textes de création|

La terre rouge aux abords du sentier semblait vibrer, sa coloration devenir gazeuse et quitter la matière — jusqu’à flotter, s’illuminer. L’herbe, toute nue, ondoyait, éblouissante et électrifiée. Elle éclaboussait son environnement de sa couleur. Le vent devenait visible. Le bruit nageait dans l’atmosphère. J’ai vu un serpent bleu fluorescent se glisser entre les herbes et se faufiler entre les amoncellements de terre rouillée.

Réparer une gouttière

Par |2017-05-11T05:28:17-05:0017 mai, 2017|Récit, Textes de création|

C'est un de ces débuts d'après-midi d'été où les grillons chantent trop fort, où ça en devient presque un cri de détresse face à la chaleur accablante. L'asphalte semble onduler sous les rayons du soleil, comme si la terre qui sommeille loin en dessous grondait pour se libérer. Au pied de la haie de cèdre, l'ombre est une oasis de fraîcheur salutaire; l'endroit idéal pour prendre une pause de l'été et savourer en silence un Popsicle au raisin.

Impérative

Par |2019-03-05T01:03:05-05:0016 mars, 2016|Cours de création littéraire, Dossiers thématiques, Exploration des genres, Nouvelles, Récit, Textes de création|

Nos mains de deux temps nouent des rubans à nos cheveux et tirent la laisse de nos petits chiens. Victoria attend que sa mère se désintéresse un instant de son conseiller John Conroy; j'attends que ma mère se désintéresse un instant de mon père. Je chuchote à l'oreille morte mes peurs d'enfant. Ce qui nous lie pourtant, nous corsète l'une à l'autre, s'apparente à la lassitude d'une vieille dame.